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L’opposition dos au mur

Longtemps décrié, le bloc de la droite n’arrive toujours pas à dépasser ses blocages, ni à s’assurer une posture qui lui permette de s’imposer en tant que force politique capable de donner la réplique à la majorité gouvernementale et d’équilibrer le jeu politique national. Ce constat est fait par des dirigeants même de cette opposition parlementaire constituée en bloc, le Wifak. Et pourtant l’Union constitutionnelle (UC), le Mouvement populaire (MP) et le Parti national démocrate (PND) ont plus de points communs et d’affinités qui devraient leur permettre de constituer un groupe plus solide à même de rivaliser avec la Koutla dont les composantes justement sont éparses. Ce n’est pas le cas. Les tentatives de réactivation du Wifak restent limitées et généralement dépendante d’une volonté de réplique ponctuelle à une action de la Koutla ou du gouvernement. Les parlementaires de l’opposition changent de parti plus que les autres, et cela n’arrange guère leur affaire, les rendant plus vulnérables encore…
Prises séparément, les trois formations ont chacune des problèmes plus insurmontables les uns que les autres. Longtemps couvés selon leurs détracteurs par l’administration, ils se trouvent du jour au lendemain face à leur réalité. Un sevrage plus tôt qu’ils ne l’espéraient, ironise-t-on du côté des partis de la Koutla.
Le MP, le plus ancien des trois formations, qui a vu Mohand Laenser accéder à son secrétariat général en 1987, en lieu et place du fondateur Mahjoubi Aherdan, est resté sur la défensive dans toute sa démarche. Ses problèmes internes, ceux avec son syndicat, qui, il y a deux ans, avaient défrayé la chronique, son organe de presse qui ne décolle pas… tout cela a fait que le MP n’est pas parvenu à dépasser les préjugés dont on l’affuble…
Le PND, fort de son caractère rural, parvient tant bien que mal, à faire figure d’un parti qui pourrait se trouver des attaches et un credo lui assurant une assise électorale, à défaut d’un fondement idéologique. Le dernier congrès et les réglages qui s’en sont suivis, ont permis surtout à Abdellah Kadiri de consolider sa place de leader incontesté du parti. Il fait valoir ainsi sa force de résistance même face à l’adversité la plus tenace. «C’est l’ancien ministre de l’Intérieur, Driss Basri, qui a tout fait pour combattre notre formation, issue du Rassemblement national des indépendants. On avait plus de chances que le reste des partis. On a résisté, nos convictions aidant, avec les moyens de bord dont nous disposions. On a laissé le temps au temps qui nous a donné finalement raison. Et maintenant, le parti va bien », nous déclarait il y a peu de jours Abdellah Kadiri.
En somme, on ne peut pas s’opposer aux programmes que nous avons préparés et que le gouvernement actuel a repris à son compte, n’a cessé de dire M. Kadiri quand on lui pose la question sur la faiblesse du rendement de l’opposition… Malgré l’absence d’un média fort attaché au PND, ce dernier parvient à faire passer son message.
Quant à l’UC, depuis le décès de son fondateur Maâti Bouabid, il a connu un sérieux passage à vide, avec cette formule devenue légendaire dans les annales politiques de présidence tournante, avant que Me Abdellatif Semlali ne prenne les rênes et devienne, après le congrès, secrétaire général au lieu de président.
C’est au moment où le parti s’apprêtait à faire valoir ses idéaux, à assainir son organisation que Me Semlali est mort. Mohamed Abied a pris les choses en main malgré la multiplicité des prétendants.
Ultérieurement, tout le monde lui a reconnu une bonne maîtrise dans la gestion des affaires partisanes. Le parti, lui, ne se porte pas vraiment bien. La destitution de Abdelmoughit Slimani de la présidence de la Communauté urbaine de Casablanca, de Mohamed Kemmou de celle de Hay Hassani, et pire encore, le tirage au sort qui a fait perdre à Mohamed Jalal Essaid son poste de conseiller et, par voie de conséquence, de président de la deuxième chambre, lorsque le collège des électeurs ne lui a pas renouvelé sa confiance, ont donné un coup sévère à cette formation. Trois barons du parti débarqués, le parti lui ne peut qu’encaisser le coup et profiter de ces départs pour se repositionner dans la course.
N’empêche que depuis, l’UC a pu reprendre des couleurs. Un bon bout de chemin a été parcouru dans ce sens. Ces trois formations estiment, cependant, qu’elles ne retiendront pas que des déboires de leur passage dans l’opposition. C’est une thérapie pour elles, pour leur électorat et pour la vie politique entière. Sauf que le poids des préjugés, le dur apprentissage de l’autonomie et le difficile recrutement de nouvelles têtes, conjugués avec l’absence d’une véritable plate forme théorique commune, ont fait qu’à la veille des prochaines élections, l’opposition s’apparente plus, aux yeux de nombre d’observateurs, à un parent pauvre de la démocratie en construction qu’à un véritable pilier de cette même démocratie. le temps pour elle de trouver de nouvelles alliances est peut-être venu.

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