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L’USFP décide d’adopter une politique de soutien critique au gouvernement

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L’USFP pose pour la première fois depuis sa participation au gouvernement en 1998 des conditions au «soutien» à apporter à l’exécutif. «Ce qui s’est passé (depuis le 7 septembre) porte l’USFP à prendre ses distances vis-à-vis du gouvernement actuel en adoptant une ligne basée sur un soutien critique», annonce un récent communiqué du bureau politique de l’USFP. Dans ce communiqué, publié à l’issue d’une réunion dimanche à Rabat, l’état-major du parti socialiste s’est démarqué de l’actuelle majorité au pouvoir et a annoncé sa décision de «s’ouvrir sur les forces de la gauche et toutes les énergies créatives dans notre pays en vue de former un grand pôle de la gauche socialiste en mesure de défendre les valeurs de modernité, de démocratie, de progrès et de justice sociale». Contacté par ALM, Driss Lechgar, membre du BP de l’USFP, est allé jusqu’à évoquer le terme d’«opposition» à l’action de l’actuel exécutif. Incohérence ? Comment l’USFP peut-il se permettre de critiquer l’action d’un gouvernement auquel il fait partie? «Le paradoxe est criard», dénonce l’ancien SG de la Jeunesse USFP, Hassan Tarek. Or, ce n’est pas de cette oreille que M. Lechgar l’entend. «Nous allons appuyer tout ce qui va dans le sens de l’intérêt public, mais nous nous opposerons à toutes les mesures qui s’inscriront en porte-à-faux avec le programme de l’USFP», a affirmé M. Lechgar, dans une déclaration à ALM. Evoquant l’expérience de «la transition démocratique», ce dernier a affirmé que «le soutien total que l’USFP a apporté aux précédents gouvernements l’a empêché de soulever les dépassements qui l’ont accompagnée». Sur ce point, les membres du BP de l’USFP n’ont pas fait dans la dentelle. Dans leur communiqué, ils dénoncent ce qu’ils ont appelé «des intrusions dans les affaires internes des partis», notamment lors des négociations menées par le Premier ministre Abbas El Fassi pour former son gouvernement. «Les négociations pour la formation du nouveau gouvernement ont été marquées par des intrusions dans les affaires internes des partis», ont-ils dit, en ajoutant que cela a mis en brèche le principe de «l’autonomie de décision» qui doit être celui des partis politiques. Le BP de l’USFP fait état «des violations des dispositions de la loi sur les partis, en ce qui concerne tant la formation du gouvernement que l’élection de la Chambre des représentants». En ce qui concerne le principe de «la méthodologie démocratique», l’une des principales revendications arborées à l’issue des législatives de 2002, le BP de l’USFP enregistre un «recul». Il attribue ce «recul» à «l’intervention» de certaines parties dans «la constitution du champ politique» en vue d’«élargir le cercle des ministres sans appartenance politique». Ce qui risquerait de «mettre en doute la crédibilité des partis politiques» et «vider les institutions de leur réel contenu».
La même tonalité est relevée chez les dirigeants USFP en ce qui concerne l’élection des instances de la Chambre des représentants, faisant état de l’arrivée dans l’hémicycle d’un «nouvel élément» qui risque de ramener l’action parlementaire à une époque que «l’on croyait révolue». Le groupe parlementaire «Authenticité et modernité», créé ces derniers temps à l’initiative du député Fouad Ali El Himma, Fatiha Ayyadi, était bel et bien visé. Interrogé sur cette question, Fatiha Ayyadi, co-députée avec M. El Himma de la circonscription des Rhamna, s’est abstenue de faire «tout commentaire». «Je n’ai vraiment pas de commentaire à faire là-dessus», a-t-elle déclaré. Najib El Ouazzani, président du groupe parlementaire, est resté lui injoignable.
Le nouveau ton adopté par la direction de l’USFP restera-t-il sans réponse. Pas sûr, y compris au sein de l’USFP où des voix s’élèvent déjà pour crier à «une manœuvre politicienne». Le durcissement de ton pourrait-il calmer les voix de la contestation qui grondent de plus en plus fort ? «Il s’agit d’une fuite en avant, puisque les problèmes réels de l’USFP sont internes», explique Hassan Tarek.

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