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Majorité : le supplice de la division

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La majorité gouvernementale sera à nouveau mise à l’épreuve demain à l’occasion de l’élection du président et des membres du bureau de la Chambre des Conseillers. Les partis appartenant à la coalition gouvernementale sont censés présenter un candidat unique à la présidence de la deuxième Chambre, troisième poste dans la hiérarchie institutionnelle après celui du Premier ministre et du président de la Chambre des représentants. Ainsi, dans la perspective de dégager une unanimité solide de la majorité autour d’un seul candidat, le Premier ministre, Driss Jettou, a tenu deux réunions successives avec les leaders des partis de la coalition gouvernementale. L’ordre du jour de ces deux rencontres était principalement axé sur la concertation entre toutes les composantes politiques du gouvernement pour choisir un seul candidat et éviter ainsi qu’il y ait de nouvelles dislocations au sein de la majorité comme celles qu’elle vient de vivre lors de l’épisode tragique des élections post-communales. Rappelons que, lors des élections des présidents des conseils communaux, la majorité gouvernementale n’avait pas réussi à s’ériger en tant que coalition politique capable de sauvegarder la carte politique dans toutes les échéances politiques. Les deux réunions tenues par le Premier ministre pour préparer l’élection du président de la Chambre des Conseillers sont donc une tentative de la part du chef de la coalition gouvernementale de restaurer l’image de la majorité. Et, s’agissant de la deuxième Chambre du Parlement, cette tentative revêt l’aspect d’une « question de confiance » qui, rappelons-le, est un procédé constitutionnel qui permet au gouvernement de vérifier s’il continue à bénéficier du soutien de la majorité (article 75 de la Constitution du Royaume). Toutefois, les deux réunions n’ont pas réussi à dégager un consensus entre les différents partis qui, malgré leur accord sur le principe de la candidature unique de la majorité, ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur la personne à choisir. D’ailleurs, trois partis continuent chacun à revendiquer son droit au poste de la présidence de la deuxième Chambre et solliciter que son candidat bénéficie du soutien de la majorité. Ce qui devrait amener le chef de la Primature, selon des sources informées, à convoquer les leaders des partis de la coalition gouvernementale pour une troisième réunion. La présidence de la Chambre des Conseillers est pour le moment disputée entre le Rassemblement National des Indépendants (RNI), le Parti de l’Istiqlal (PI) et le Mouvement National Populaire (MNP). Ces trois formations aspirent chacune à faire élire son candidat. Il s’agit du candidat RNI et président sortant Mustapha Oukacha, de l’istiqlalien, Abdelhak Tazi, et du MNP, Abdelkébir Berquia. Le premier, étant le président sortant, ceux qui le soutiennent estiment qu’il a le droit à être reconduit pour un nouveau mandat partant du fait qu’il a toujours fait une gestion par le consensus avec toutes les composantes politiques de la majorité. Mais, son élection risque de trébucher faute d’un soutien de la part des autres formations de la majorité même le fait que son parti, le RNI, est le premier en nombre de sièges (45). S’agissant de la candidature du parti de l’Istiqlal, il entre dans le cadre des aspirations, devenues automatiques, de ce parti lorsqu’il s’agit des postes institutionnels. Le PI considère à ce propos que la présidence de la Chambre des Conseillers devrait lui revenir partant du fait qu’il a obtenu le meilleur score lors des élections communales et celles des Chambres professionnelles. Le PI estime aussi que si la première Chambre est présidée par l’USFP, il est de son droit de revendiquer la présidence de la deuxième. Un argument tout à fait istiqlalien. Et bien que le candidat de ce parti, Abdelhak Tazi, n’a pas encore annoncé sa candidature, préférant la laisser à la dernière minute, des sources informées affirment que le PI a mobilisé actuellement tous ses Conseillers (sièges) afin de promouvoir la candidature de Tazi auprès des autres formations représentées à la deuxième Chambre dont le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), le Parti Socialiste Démocratique (PSD), le parti d’Al Ahd, la Confédération Démocratique du Travail (CDT) et l’Union Marocaine du Travail (UMT). Une mobilisation qui aurait été limitée par le fait que plusieurs Conseillers soient en déplacement dans leurs régions respectives à l’occasion des élections Régionales. Par ailleurs, des sources informées signalent que certains décideurs au sein du parti auraient émis des réserves sur cette candidature partant du fait que si Abdelhak Tazi est élu à la tête de la Chambre des Conseillers, il passerait à occuper le troisième rang dans le protocole et devancerait ainsi son secrétaire général qui, lui, arrive en quatrième position après le Premier ministre et les deux présidents des deux Chambres du Parlement. Pour ce qui est de la candidature de Abdelkébir Berquia du MNP, il n’a pas pu faire l’unanimité au sein du pôle de la Mouvance qui demeure très divisé sur cette question malgré le fait qu’il soit la plus grande force politique de la deuxième Chambre avec 87 Conseillers. En effet, la Mouvance malgré le projet de création d’une fédération regroupant les trois partis à savoir le MP, le MNP et l’UD, n’a pas encore réussi à concrétiser une véritable coordination décisionnelle. En somme, il est très exclu que les partis de la majorité gouvernementale réussissent à se mettre d’accord sur un candidat unique et ce malgré toutes les tentatives de la dernière minute qui ont lieu aujourd’hui sur initiative du Premier ministre.

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