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Maroc : 800 hectares partis en fumée dans le Souss

© D.R

Douze heures après être parvenus tant bien que mal à circonscrire l’incendie qui a ravagé une partie de la forêt d’Amskroud sur les hauteurs des villes d’Agadir et d’Inezgane, les services de la protection civile sont toujours sur le qui-vive. Malgré la baisse des températures ils craignent de nouveaux départs de feu tant les vents forts qui soufflent sur la région menacent de raviver «la braise qui couve sous la cendre».

Le sinistre qui s’est déclaré samedi dans l’arganeraie d’Amskroud a eu raison d’une partie de l’arganeraie du Souss, formation végétale vestige unique au monde. A la suite de cet incendie d’une rare violence, plus de 800 hectares d’essences rares sont partis en fumée dans les environs d’Amskroud, une localité des contreforts de l’Anti-Atlas dans la région d’Agadir-Inezgane. On ne déplore toutefois pas de victimes à la suite du sinistre qui s’est déclaré du fait de conditions climatiques extrêmes – la  région a été sous canicule la semaine dernière-, dans la forêt locale d’arganiers et de thuya, des essences réputées irremplaçables dans les conditions de sol et de climat particulièrement défavorables qui caractérisent la région.

Semi-désertique, ce climat fait du couvert forestier d’Amskroud l’un des plus vulnérables du Souss. Selon les déclarations de responsables de la délégation régionale du Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, le feu dont la cause n’a toujours pas été déterminée a pris dans des lieux montagneux d’accès difficile, ce qui a eu pour conséquence de retarder l’information qui en a été faite aux pompiers. Quand ils ont pu se rendre sur les lieux du sinistre, ce dernier,  favorisé par des niveaux de température caniculaires et des vents forts, était déjà incontrôlable.

Pour y faire face, ils ont dû se faire aider des Forces auxiliaires, des gendarmes et de la population locale. Les Eaux et forêts ont également dû faire intervenir trois Canadairs. Fer de lance du dispositif de lutte contre les incendies de forêts, ces 2 avions-citernes n’ont cependant pas permis de totalement circonscrire le sinistre dont de nombreux foyers restaient actifs trois jours après le début de l’incendie. Outre cette menace, les 450 hommes mobilisés contre l’incendie craignent de nouveaux départs de feux dans les zones déjà sécurisées, les conditions climatiques restant mauvaises.

Plus que celui qui a dernièrement ravagé une partie du couvert forestier dans le nord du pays –région du Rif-, l’incendie des montagnes du Souss met à nu les failles du dispositif mis en place par le Haut-Commissariat afin de lutter contre les feux de forêts. Pour les stratèges de l’organisme, l’un des atouts de cette stratégie est une lecture anticipée des risques potentiels véhiculés par les conditions ambiantes – climatiques, notamment- et, par l’affectation ponctuelle des troupes et des matériels nécessaires.

La survenue, à quelques jours d’intervalle, de deux incendies, l’un à l’extrême nord du pays et l’autre en son centre, a montré la limite de cette vision. L’arganier, 3ème essence par la superficie à l’échelon national, couvre quelque 871.200 ha, principalement dans l’Anti et le Moyen Atlas et donne environ 5.000 tonnes de noix par an. Le thuya occupe une superficie de 565.800 ha, en particulier sur les hauteurs qui dominent Essaouira où il constitue l’un des matériaux nobles de l’artisanat local.

Les produits forestiers qui représentent une valeur marchande de 7 milliards de dirhams, soit 2% du PIB, génèrent des recettes annuelles de l’ordre de 500 millions de dirhams dont 300 sont versés aux communes, 150 à l’Etat et le reste aux provinces. Selon le Haut-Commissariat, la forêt aurait 3 fonctions essentielles : la protection contre les phénomènes climatiques, la sauvegarde du microclimat et la salubrité publique, et la récréation et la détente.

Elle assurerait aussi «une fonction sociale en offrant aux populations riveraines l’essentiel de leur substance à travers les prélèvements directs de divers produits (bois de service, bois de feu, champignons, matières premières pour l’artisanat, plantes médicinales…)». Par ailleurs, les statistiques montrant qu’une moyenne de 2.986 ha sont détruits par le feu chaque année, le Haut-Commissariat qualifie ces chiffres «d’alarmants comparativement au taux de reboisement relativement limité et des conditions climatiques difficiles pour une bonne reconstitution des espaces boisés». Ce dernier constat laisse planer un doute sur la reconstitution à terme de l’arganeraie d’Amskroud.

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