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Maroc-Algérie : La voix de la sagesse nous dicte de conserver une ambiance saine et fraternelle

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ALM : Commençons par l’actualité. Quel bilan faites-vous de la dernière visite de SM le Roi aux Etats-Unis?

Mbarka Bouaida : C’est un bilan positif. Cette visite a constitué une occasion de donner une nouvelle impulsion aux relations économiques entre le Maroc et les Etats-Unis. La rencontre de très haut niveau entre SM le Roi et le président Barack Obama revêtait une dimension historique dans le sens où Washington considère le Maroc comme un allié stratégique de longue date, particulièrement sur les plans économique, politique et sécuritaire.

Les retombées de cette visite étaient clairement annoncées dans le communiqué commun et reflètent la réussite d’une telle visite.  Nous sommes parvenus à couvrir tous les aspects des relations entre les deux pays,  non seulement bilatérales, mais aussi multilatérales. A noter également parmi les acquis de cette visite, le soutien à la cause nationale et la reconnaissance des efforts déployés par le Royaume pour la mise en œuvre de l’Initiative marocaine d’autonomie pour les provinces du Sud.
Il convient aussi de relever la reconnaissance du bilan positif enregistré par le Maroc en matière des droits humains, chose qui lui a valu un siège au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.

S’agissant de cette élection du Maroc en tant que membre du Conseil international des droits de l’Homme. Que signifie concrètement cette élection au moment où certains adversaires du Royaume l’attaquent sur ce point particulier ?

Nous sommes très heureux et fiers de cette élection. Le Maroc est l’un des premiers pays à s’être ouvert aux réformes des droits de l’Homme et  nous sommes aussi l’un des rares pays à avoir institutionnalisé son Conseil national des droits de l’Homme. Je pense d’ailleurs que nous sommes l’un des pays à avoir fait des droits de l’Homme une priorité en matière de politiques diverses car aujourd’hui, les droits de l’Homme sont devenus un axe transversal à toutes nos politiques. Bien entendu, des dérapages sont encore à signaler, mais ceux-ci sont gérables en interne, malgré les tentatives de manipulations politiques en arrière-fond. Je tiens à rappeler que nous sommes ouverts à toutes les organisations internationales. Human Rights Watch, ainsi que de nombreuses autres ONG internationales entrent en toute liberté au Maroc et font régulièrement des rapports. Nous sommes également tout à fait conscients, et nous en discutons au Maroc en toute liberté de cas isolés qui existent encore en matière des droits de l’Homme. Cela dit, le Maroc reste tout de même leader dans la région en la matière. Notre pays peut être fier de ce qu’il va accomplir et notre élection au Conseil des droits de l’Homme n’est que l’aboutissement de tous les efforts déployés par le passé et aujourd’hui.

a Majesté le Roi avait évoqué dans son discours une diplomatie plus offensive et plus entreprenante. Quelle est votre stratégie pour doper la diplomatie marocaine ?
Effectivement, le Souverain avait également parlé de la diplomatie économique, dans sa lettre royale adressée à l’ensemble des ambassadeurs en août 2013. Le fait d’avoir mis l’accent sur la diplomatie économique constitue un axe très important d’entrepreneuriat de cette diplomatie. Mais il n’y a pas que l’axe économique. N’oublions pas la dimension humanitaire que nous devons développer pour adopter une approche volontariste. Désormais, nous allons pouvoir redynamiser notre diplomatie et être un peu plus présent sur la scène internationale. Il est temps de donner un coup d’éclat à la diplomatie marocaine.

Ces dernières semaines ont été marquées par une profonde tension entre le Maroc et l’Algérie. Comment gérez-vous le dossier depuis votre arrivée à la tête de la diplomatie marocaine ?
Je vous l’accorde, il y a une forte tension entre les deux pays, surtout depuis que nous sommes arrivés au gouvernement. J’espère bien que c’est le fruit du hasard. Mais ces tensions ont été provoquées par certaines initiatives algériennes à l’encontre du Maroc, lesquelles se sont concrétisées par la dernière lettre du président Abdelaziz Bouteflika, lue en son nom à Abuja.  
Le Maroc ne pouvait pas ne pas réagir à cette lettre, et il n’était pas non plus question de rompre les relations entre les deux pays. Nous avons rappelé à nos voisins, par le biais de notre ambassadeur en Algérie, que le Maroc est un pays souverain, qui sait gérer ses affaires et qui n’accepte pas l’ingérence de son voisin. Nous avons plutôt besoin d’appui et de soutien. J’espère que cette situation sera passagère, car l’objectif à terme est d’ouvrir les frontières entre l’Algérie et le Maroc et de créer un marché commun entre deux pays frères  qui entretiennent  de bonnes relations. Actuellement, nous suivons de près l’évolution de cette situation. Toutefois, aucune réaction officielle ne nous est parvenue depuis la lettre d’Abuja. La voix de la sagesse nous dicte de conserver une ambiance saine et fraternelle.

Quid du dossier du Sahara ? Envisagez-vous une feuille de route ?
Notre feuille de route pour le dossier du Sahara est très claire et nous sommes tous confiants sur ce sujet. Les solutions à la question du Sahara sont là. D’un côté, le plan d’autonomie qui est largement reconnu au niveau international, et d’un autre côté, la mise en place de la régionalisation avancée qui constituera une première et majeure partie de ce plan d’autonomie. Le travail qui se fait donc aujourd’hui va dans le sens de l’accélération de cette régionalisation. Malheureusement les textes de loi ne sont pas encore arrivés au Parlement, et les textes applicatifs de cette régionalisation tardent à venir. La régionalisation comporte également des détails importants qu’il faut étudier sainement. Je pense que le dossier est sur le bon chemin. Nous collaborons en de bons termes avec Christopher Ross et nous espérons réussir les étapes à venir.

L’économie constitue une part importante des relations diplomatiques. La diplomatie a-t-elle son rôle à jouer pour drainer les investissements étrangers ?
Dans notre politique actuelle, l’axe économique est transversal à toutes nos relations avec les pays amis. Rappelons que le chef de la diplomatie marocaine est un ancien ministre de l’économie et qu’il sait comment faire pour drainer des investissements, sachant qu’en plus, le Maroc est une valeur sûre pour les marchés financiers internationaux.

L’image qu’ont les investisseurs étrangers du Maroc est très positive.
Aujourd’hui, quand nous présentons le Maroc, nous mettons en avant ses stratégies sectorielles de développement, notamment en matière d’agriculture et d’énergie. Afin de favoriser les exportations marocaines et drainer les investissements étrangers, le Royaume va également poursuivre sa politique d’ouverture économique, à travers, notamment, la consolidation des accords de libre-échange conclus avec différents pays ou groupe de pays, et la diversification de ses partenaires économiques. Je tiens à vous dire que nous suscitons beaucoup d’intérêt quand il s’agit de présenter ces stratégies, car cela permet de donner une vision claire sur le Maroc de demain et sur le développement régional de notre pays. Cela permet également de raviver certains intérêts économiques afin de créer des relations gagnant-gagnant sur le plan économique, lequel  est un vrai levier pour améliorer le politique.

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