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Maroc: les femmes championnes de la mobilité sociale

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Le déplacement d’individus dans l’espace social n’est plus de l’ordre de l’impalpable. D’ailleurs, le Haut-Commissariat au plan a réservé toute une étude pour évaluer les changements du statut social des Marocains au cours du temps, ainsi que les différences entre le statut social des parents et celui de leurs enfants. Cette mobilité sociale, contrairement à ce qu’on pourrait croire, s’avère plus féminine que masculine.

Ainsi, le taux de mobilité parmi les femmes est de 78,6% contre 63% pour les hommes. Ces données parmi tant d’autres ont été annoncées par Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan, lors d’une conférence qui a été consacrée, mercredi à Rabat, à l’enquête nationale sur la mobilité sociale intergénérationnelle 2011. Une étude considérée comme étant la première du genre au Maroc. A partir de ces chiffres, il s’avère, aux yeux du haut-commissaire au Plan, que «la mobilité sociale globale brute est féminine et urbaine».

Dans le détail, le taux de cette mouvance est de 75,1% pour les habitants des villes contre 59,2% pour les ruraux. Plusieurs facteurs contribuent à cette mobilité. Cependant, il ressort de ladite enquête que «les changements socio-économiques à caractère structurel ont constitué le principal facteur de changement dans le milieu rural et parmi les femmes». C’est ainsi que la mobilité dite structurelle a contribué pour près de 76% à la mobilité brute, en milieu rural contre 52%, en milieu urbain, pour 70% parmi les femmes contre 55,7% parmi les hommes.

Ceci étant, la mobilité sociale est de nature ascendante (promotion sociale) dans 35,1% des cas au niveau national. Elle profite beaucoup plus aux urbains et aux hommes qu’aux ruraux et aux femmes. Le taux de mobilité sociale ascendante est de 51,1% de la population urbaine et de 14,8% dans le monde rural. Il est plus important parmi les hommes (43,7%) que parmi les femmes (17,9%). Inversement, les femmes et les ruraux, malgré l’importance de leur mobilité structurelle, enregistrent des taux de mobilité sociale descendante nettement plus élevés (respectivement 61 et 44%), comparé aux hommes (24,1%) et aux urbains (19,3%).

Cette promotion sociale a lieu grâce à l’école considérée en tant que principal moteur dans ce sens. Il ressort de l’enquête, à ce propos, qu’une augmentation d’une année de scolarité améliore les chances d’ascension sociale de 13,7%. En revanche, le taux de mobilité ascendante passe, selon l’étude, à 84,3% parmi les diplômés des écoles et instituts supérieurs avec 86% parmi les hommes et 78,9% parmi les femmes.

D’autant plus que les chances de l’ascension sociale des générations sont renforcées par l’expérience professionnelle. Ainsi une année d’ancienneté de plus dans la vie active améliore de 12 % les chances de mobilité sociale ascendante. «Cet effet s’annule aux alentours de l’âge de 50 ans, seuil à partir duquel l’âge commence à handicaper les chances de mobilité sociale ascendante», note le haut-commissaire au Plan. Les résultats de l’enquête montrent également que malgré la forte mobilité structurelle que connaissent les personnes de sexe féminin, leur faible accès à une mobilité sociale ascendante (de l’ordre de 18%) semble être surdéterminé par une discrimination de type genre. Dans l’ensemble, l’étude montre que la mobilité reste importante et ses impacts marqués, en particulier, par le triple phénomène d’une avancée spectaculaire de la transition démographique, d’une urbanisation accélérée et avec son accès croissant au système d’enseignement et de formation, l’émergence de la femme dans le marché du travail. Aussi l’enquête nationale sur la mobilité sociale intergénérationnelle met un éclairage supplémentaire sur les ressorts profonds des changements que le Maroc est appelé à connaître et sur le rôle que devrait y jouer une jeunesse de plus en plus féminisée et mieux formée.

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