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Maroc-UE : Le regard de Chevènement

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La lame de fond qui a secoué le Vieux-Continent, après le tonitruant «non» franco-hollandais à la Constitution européenne, aura bel et bien atteint la rive Sud de la Méditerranée. L’avenir des relations euro-méditerranéennes, faut-il en douter, est mis en jeu. C’est, en tout cas, ce qu’a laissé entendre la rencontre qui a réuni, mardi dernier au Palais des Roses à Agadir, Jean-Pierre Chevènement avec une pléiade d’intellectuels qui a donné le ton de ce débat éminemment intéressant. Pour commencer, il n’était pas utile, comme l’a si bien dit l’animateur de la rencontre, de souhaiter la bienvenue à J.P Chevènement, sachant bien que l’invité, un fidèle habitué d’Agadir, est un grand ami du Maroc.
Au-delà de cette marque d’amitié partagée, il y a cet "homme de conviction qui force, sinon l’admiration, du moins l’admiration. Ce n’est pas un hasard si cet homme de principes avait dû démissionner de son poste de ministre de la Défense pour protester contre la guerre du Golfe. Ce n’est pas un hasard non plus si ce Républicain convaincu est présenté comme la tête de pont du Renouveau socialiste, un symbole du patriotisme qui assume pleinement sa citoyenneté… L’inviter au Maroc, -une initiative louable à mettre sur le compte du Conseil de la Région Souss Massa Draâ- revient à mettre l’expérience de ce vieux routier de la politique au service de notre pays. Plus encore, l’interpeller sur une question d’une brûlante actualité, à savoir le «non» à la Constitution européenne, dont il a d’ailleurs été l’un des fervents partisans, revient à savoir les effets que pourrait avoir ce «niet» sur le Maroc, l’un des grands partenaires de l’Europe, et plus globalement sur une édification maghrébine, déjà boitillante mais qui, aujourd’hui plus que tout autre temps, se trouve compromise par un «non» franco-hollandais susceptible d’ébrécher la citadelle de l’Europe. Résumons : Une Europe en difficulté institutionnelle, un Maghreb divisé…
Quand à ce tableau, vient se greffer une ombre encore plus inquiétante, en l’occurence ce néo-libéralisme qui n’a d’allégeance que pour le Dieu Finance, l’Empereur Libéralisme Premier, on a de la peine à imaginer comment l’Europe, et le Maghreb à moindre échelle, pourrait sortir du tunnel.
Mais voilà, de ce côté de la Rive, il n’y aurait pas de grands soucis à se faire, nous dit M. chevènement, d’un ton assuré et rassurant. "Le Maroc d’aujourd’hui vient d’une longue d’histoire, il doit regarder vers l’avenir avec confiance". M. chevènement ne fait pas ici dans la dentelle, et moins encore dans l’incantation. M. Chevènement, qui fréquente régulièrement le Maroc, a pu constater de visu l’évolution que connaît notre pays. Sur le plan économique, il a salué cette dynamique insufflée, entre autres, par "l’initiative privée".
Au niveau culturel, M. Chevènement a souligné que le Maroc a pris un bel élan. Le Festival "Timitar" d’Agadir, dont M.Chevènement est un grand fan, offre ici un exemple éloquent. Simplement, l’avenir de cette dynamique effective ne serait-il pas hypothéqué par la division de cette Europe à laquelle le Maroc est lié de plusieurs accords de partenariat? M.Chevènement se veut, là encore, rassurant.
L’Europe et le Maghreb sont liés à la fois par une communauté d’histoire et d’avenir. M.Chevènement critique, par ricochet, un "élargissement vers l’Est de l’Europe mal négocié". Et de citer un cas qui illustre clairement cet aspect-là : l’alignement de certains pays de l’Europe de l’Est sur la politique belliqueuse des Etats-Unis au Moyen-Orient, au détriment de la Palestine toujours sous occupation et de l’Irak qui, plusieurs années après le déclenchement de la guerre anglo-américaine, paie encore et toujours, de ses moyens et du sang de civils innocents, une facture qui s’alourdit de jour en jour. "Les Etats-Unis ne peuvent imposer la démocratie à la pointe des missiles", a-t-il martelé. Et comme, pour enfoncer le clou, il se veut encore plus critique à l’égard de ces Etats-Unis pris en otages par le lobby économico-financier qui, au nom d’un néo-conservatisme, ne chercherait qu’à servir ses propres intérêts.
Le résultat de cette politique est, bien entendu, désastreux. L’Europe, "soudée par un désir de paix", est appelée à contrecarrer cette politique va-t-en-guerre, plaide M. Chevènement.

DNES M’Hamed Hamrouch

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