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Mezouar : «Il faut rester vigilant»

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ALM : L’affaire Chetrit remet en question le régime des Admissions temporaires en vigueur au Maroc, comme étant la source de plusieurs fraudes. Ne pensez-vous pas qu’il y a lieu de revoir ce régime ?
Salah Eddine Mezouar : Cette affaire, avec tous ses rebondissements, n’est pas une conséquence d’un dysfonctionnement ou de failles dans le système d’Admissions temporaires. Elle est plutôt la résultante de la suppression des prix de référence et leur substitution par les prix de la facture déclarée. Ces pratiques, auxquels certains hommes d’affaires se donnent, ne sont qu’un aspect parmi d’autres qui sont le fait de la sous-facturation. On importe légalement des produits, mais à des factures qui ne représentent que 30% de leur valeur réelle.
Mais qu’en est-il de l’Admission temporaire proprement dite ?
L’Admission temporaire n’est qu’un mécanisme. Il ne faut pas dans ce sens mélanger entre un système qui a prouvé son efficacité et le comportement de certains. Cela nuirait à la fois à ce régime et aux entreprises sérieuses qui y ont recours. Sur le principe, il est clair qu’il y a des efforts à consentir. Un effort d’abord de distinction entre les entreprises connues et reconnues comme étant sérieuses, aussi bien par les services de douane que par la direction des impôts et les autres. Il faut aussi simplifier le système d’admission temporaire, de façon à permettre aux entreprises d’être le plus réactives possible, en évaluant la valeur à l’importation des intrants et des produits finis. Aussi, il faut tacher de ne pas pénaliser les entreprises sérieuses en revenant à un système de contrôle qui n’est pas viable économiquement. Ceci étant, il faut rester vigilant vis-à-vis des produits importés pour la consommation locale.
Est-ce à dire que pour chaque type d’importation, il faut un traitement à part ?
Quand un produit est introduit pour le marché local, il faut à mon avis redoubler de vigilance. Si on continue à sous-facturer, c’est le principe même de la libre, mais loyale concurrence, qui est remis en question. Les entreprises marocaines seront forcément mises à mal, avec tous les problèmes sociaux et de remboursement que cela pose. La mise à niveau enclenchée de notre tissu productif ne doit pas payer les frais de ce comportement. Pour y arriver, il y a lieu de revoir la politique tarifaire en matière de droits de douanes, qui restent substantiellement plus élevés que ceux des pays concurrents.
A votre avis quelle est la solution sinon pour combattre les fraudes aux AT du moins les réduire ?
En fait, il s’agit d’une affaire complexe. Difficile de trouver la parade pour mettre définitivement fin à des pratiques qui génèrent un manque à gagner important pour l’économie marocaine. Cependant il ne faut pas dramatiser, car les entreprises sérieuses – et elles sont nombreuses- ne s’adonnent pas à ce genre de trafic.

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