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Mohamed Benhamou : «L’Algérie pense que tout ce qui nuit au Maroc est bon pour elle»

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ALM : Pourquoi l’Algérie refuse l’ouverture des frontières avec le Maroc ?
Mohamed Benhamou : L’ouverture des frontières avec le Maroc est pour l’Algérie un atout qu’elle utilise dans ce qu’on peut appeler «une diplomatie des frontières». Une diplomatie qu’elle a toujours adoptée depuis l’indépendance et qui lui a toujours causé des problèmes avec l’ensemble de ses voisins. Ainsi, la relation maroco-algérienne est dominée par une histoire de frontières fermées qui n’ont été ouvertes en 50 ans que pour de très courtes périodes. Depuis la dernière fermeture en 1994, l’Algérie continue à utiliser cette carte des frontières pensant ainsi affaiblir le Maroc et nuire à son développement économique et social spécialement pour la région de l’Oriental.

De quoi a peur l’Algérie ?
C’est une question hautement politique pour les gouvernants algériens. Je pense que tant que l’actuelle élite est toujours en place, l’ouverture des frontières n’est pas à leur ordre du jour. Sauf un événement exceptionnel intérieur ou extérieur qui fasse pression. Ainsi, les gouvernants algériens font véhiculer que cette ouverture des frontières n’est profitable qu’au Maroc, à son tourisme, à ses produits qui envahiront le marché algérien. Dans sa démarche, l’Algérie pense que tout ce qui nuit au Maroc est bon pour elle. Elle pense à tort que tous les fléaux liés à la criminalité transnationale proviennent du Maroc (drogues et produits illicites), alors que leurs frontières sont les mieux contrôlées et que la porosité existe plutot du côté des frontières du sud algérien.
C’est une carte politique qu’Alger utilise contre la volonté du Maroc qui n’a cessé de plaider pour une ouverture. Parce que celle-ci répond à un besoin humanitaire. La fermeture est un énorme drame pour les populations. C’est une situation atypique qu’on ne retrouve que dans le cas de la Corée du Sud et la Corée du Nord.

Qu’est-ce qui pourrait favoriser l’ouverture des frontières ?
Les gouvernants algériens souffrent d’autisme stratégique et d’une grave myopie visionnaire. Tandis que tout autour, le monde change d’une manière vertigineuse. Les réalités politique, stratégique, sociale et économique vont profondément changer dans les mois à venir. La logique d’être figée dans le passé ne sert ni l’Algérie ni les intérêts des pays de la région. Il y a un besoin de passer à l’édification du Grand Maghreb et de répondre aux aspirations des peuples à la démocratie. Ceci pour être des acteurs de l’ordre régional, non des sujets. Tant que les élites sociales et politiques n’ont pas évolué, elles auront du mal à s’inscrire dans l’avenir. L’Algérie cherche à garder un statu quo en étouffant toute initiative d’ouverture et de collaboration, pensant par là pérenniser le pouvoir et esquiver le changement. Leur approche n’est pas bonne. L’avenir très proche obligera ses gouvernants à ouvrir les frontières. Il faut qu’ils s’inscrivent dans une nouvelle ère marquée par l’émergence d’Etats démocratiques et respectueux des droit de l’Homme ainsi que par l’édification de blocs régionaux permettant la prospérité économique et sociale et où les frontières sont des points de rencontre et non pas des murs de séparation.

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