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Mohamed Darif : «Il faut maintenant avoir le courage de procéder à des réformes»

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ALM : Quelle lecture faites-vous du déroulement du référendum?
Mohamed Darif : Le vrai défi, lors de ce référendum, a été le taux de participation. En effet, la rue était divisée entre ceux qui soutiennent le projet de la nouvelle Constitution et ceux qui étaient contre. En effet, bien avant la formation de la Commission pour la révision de la Constitution, les Marocains étaient divisés entre ceux qui revendiquaient une monarchie parlementaire et ceux qui voulaient une monarchie qui préserve au Roi sa présence politique et religieuse. Donc, il y avait ce défi du taux de participation surtout qu’on avait pour référence le taux d’abstention exceptionnel enregistré en 2007 et qui s’était élevé à 63%. À un moment donné, le problème n’était plus de savoir si les gens allaient voter «Oui» mais, c’était de savoir si les gens allaient voter. En tous les cas, ceux qui participeront iront pour voter «Oui». Et donc le taux de boycott ou de participation allait être le baromètre du poids de chaque clan. Mais maintenant, avec un taux de participation de 73%, la donne est claire.

Est-ce que les 27% d’abstention reflètent le taux de gens qui ont répondu à l’appel au boycott?
Il faut savoir que dans ces 27%, il y a effectivement des Marocains qui ont boycotté le scrutin parce qu’ils sont militants, activistes, membres ou sympathisants des forces qui ont appelé au boycott. Mais il y a également un bon nombre de Marocains qui n’ont rien avoir avec cela. Ces gens se comportent tout simplement à la suite d’une culture traditionnelle héritée, une culture régie par un esprit d’indifférence. Et enfin, il y a ceux qui croient que leur voix ne vaut rien et ils ne participent pas. Il faut donc déduire que ce taux n’est pas représentatif des forces qui ont appelé au boycott. Et pour être clair, il ne faut pas non plus considérer le nombre de participation comme une réconciliation des Marocains avec la politique. Il faut donc continuer à motiver le corps électoral.

Maintenant que la nouvelle Constitution a été votée, quelle est la prochaine étape?
À mon avis, la prochaine étape sera la plus difficile. Il faut maintenant avoir le courage de procéder à des réformes institutionnelles et politiques. En effet, la nouvelle Constitution n’est que le cadre des réformes et il faut des supports pour la concrétiser. À savoir, d’abord un arsenal juridique qui va se charger des réformes juridiques à commencer par le code électoral mais aussi et directement les partis politiques et l’on peut dire aujourd’hui que la balle est dans leur camp.

Les jeunes du 20 février poursuivent leurs manifestations. Que pensez-vous de cela?
Le Maroc a besoin d’opposition et a tout à gagner de cette force d’opposition. Ces jeunes du 20 février peuvent faire prochainement pression sur les partis politiques, les autorités et les centrales syndicales. Il faut donc que les Marocains respectent la différence, c’est ça l’exercice démocratique. Et tant que ces jeunes manifestent dans le respect des règles et des lois en vigueur, il faut les laisser faire. Il s’agit d’une vraie rupture avec le concept qui veut que la majorité face taire la minorité. Par contre, il faut encourager ces jeunes du 20 février à s’organiser en parti politique afin que leur énergie soit dépensée dans le bon sens.

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