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Mohamed Darif : «Il nous faut un marché normatif pour donner un sens aux institutions constitutionnelles»

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ALM : Compte tenu des 100 jours de Benkirane, les prémices des mécanismes gouvernementaux sont-ils rassurants ?
Mohamed Darif : Pour dresser le bilan gouvernemental de ces 100 jours, il faut prendre en considération quelques facteurs. Le premier a trait à la référence. Comme il est connu les élections sont un rapport contractuel entre les candidats et le corps électoral. Ainsi, il faut étudier la compatibilité des programmes électoraux avancés par les partis de la majorité et le programme gouvernemental. Ce facteur pose problème, car en révisant les contenus, on constate qu’il y a régression. Or un parti qui se respecte doit faire en sorte que son programme gouvernemental traduise son cahier des charges électoral. Deuxième approche, à ne pas négliger, est d’ordre méthodologique. Abdelilah Benkirane ne cesse d’affirmer dans ses sorties médiatiques que son gouvernement mise sur l’homogénéité et l’approche participative. Cependant, nous constatons une absence absolue de ces notions. La publication des listes des agréments a suffisamment illustré cette faille. Le ministre de l’habitant a, bel est bien, critiqué cette démarche , en la qualifiant de décision unilatérale. De même, le chef de gouvernement a été obligé à maintes reprises de rencontrer les chefs des partis pour discuter de ce point. S’agissant du recul relatif aux promesses électorales, nous constatons une régression par rapport à ce qui a été fixé par les programmes électoraux notamment en matière de loi de Finances. Il est inconcevable de parler de 100 jours du gouvernement alors que le principal instrument pour concrétiser son programme, qui est la loi de Finances, n’est pas encore officiellement approuvé.

Peut-on dire que l’approche du gouvernement est plus sensationnelle ?
Il faut reconnaître tout d’abord la spécificité de la conjoncture. C’est un gouvernement qui émane d’une nouvelle Constitution. Il s’agit d’une étape constitutive. Avant de passer à autre chose, il fallait adopter, en premier, une dizaine de lois organiques. Le gouvernement est appelé à gérer la chose gouvernementale par l’adoption d’un arsenal juridique. Je pense que l’effort déployé par le gouvernement, à déterminer les prérogatives de chaque département ministériel, a un peu empêché cette relance escomptée par l’opinion publique.

En parlant de relance, quelles sont les mesures à prendre pour activer l’application du programme gouvernemental ?
À ce jour, la priorité est attribuée à la constitution d’un arsenal juridique. Nous avons besoin des lois pour régir : la Cour constitutionnelle, les élections des collectivités territoriales, la constitution de la 2ème Chambre et la mise en œuvre du chantier de régionalisation. Il nous faut un marché normatif pour donner un sens aux institutions constitutionnelles. Toutefois, cela n’est pas suffisant pour que le gouvernement assume ses engagements à l’égard du peuple. Comme nous le constatons tous, des manifestants sillonnent les villes pour dénoncer une certaine détérioration socio-économique. De même, des secteurs stratégiques au Maroc connaissent en permanence des grèves. Le peuple ne cesse de réitérer ses attentes en matières de liberté et de droits fondamentaux. Sans parler des contraintes d’ordre économique et climatiques en l’occurrence la crise économique mondiale et la sécheresse. Le gouvernement ne devrait pas se cacher derrière ces variables pour justifier son retard.

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