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Mohamed Darif : «La transition démocratique ne peut avoir lieu en l absence de partis forts et crédibles»

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ALM : Aujourd’hui, comment expliquez-vous la régression de certains partis ?
Mohamed Darif : La conjoncture est la première chose à prendre en considération, il y a le Printemps arabe qui a d’énormes significations et conséquences. Ainsi, la volonté de démocratisation des régimes aboutit forcément à la démocratisation des partis. C’est pour cela qu’on remarque que les pays frappés de plein fouet par le Printemps arabe sont ceux qui ont souffert de partis uniques ou hégémoniques. En plus de la conjoncture régionale, il y a la conjoncture locale marquée par une dynamique sociale et politique qui a impulsé le chantier des réformes institutionnelles et politiques et débouché sur la Constitution. Les dispositions de cette Constitution ont consacré le rôle des partis politiques et imposé par exemple dans l’article 7 leur démocratisation. Et en plus de la représentation politique au sein des institutions élues, il est devenu question d’encadrement et de formation politique du citoyen. Sauf qu’on remarque qu’il y a un décalage entre ce qu’a fait Sa Majesté le Roi en ouvrant plusieurs chantiers et le manque de réactivité et de volonté de démocratisation chez les partis.

Le processus de démocratisation du pays peut-il se faire sans l’implication de partis forts?
Cette Constitution consacre la transition démocratique. Et cela ne peut avoir lieu en l’absence de partis forts et crédibles. Il faut créer les conditions de cette transition. Il est question pour cela d’avoir premièrement un corps électoral responsable de ses choix, cela va de pair avec la responsabilisation de la société. Et deuxièmement des partis crédibles. Conditions qui font défaut en ce moment et qui doivent être favorisées. Aujourd’hui, on doit passer de la logique de partis qui instrumentalisent leur capital nationaliste (pour profiter d’un réseau de service), et mettre en avant la logique de partis citoyens. Ainsi, plusieurs grands partis nationaux pâtissent d’un déficit de démocratisation. La machine partisane fonctionne avec des règles pas toujours démocratiques, souvent le SG est nommé avant les élections. Tous les partis parlent de monarchie parlementaire, mais celle-ci ne peut se faire en l’absence de partis forts capables d’en être les acteurs. Ainsi ce processus n’a aucun sens si les partis ne procèdent pas à cette réforme partisane s’articulant autour de la transparence, de la démocratisation interne, ainsi qu’une réforme du système partisan par la création de pôles et d’alliances crédibles.

Le déficit de la culture de démocratie interne ne date pas d’aujourd’hui…
Outre la conjoncture régionale, la dynamique nationale, il y a aussi le legs du protectorat. A cette époque, un parti devait avoir l’unanimité pour lutter contre le colonialisme. Il n’était donc pas question du principe de pluralisme et de la démocratie depuis la naissance des partis marocains. Ainsi l’histoire partisane nationale est celle des scissions. Quand un leader voulait s’exprimer librement, il devait quitter le parti pour en former un autre. «La terre de Dieu est immense», phrase prononcée par Abderrahmane El Youssoufi à un camarade de son parti qui l’avait ouvertement critiqué, illustre très bien cette culture partisane.

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