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Mohamed Darif : «Le PAM a peu de chance de présider la deuxième chambre»

ALM : Quelle lecture faites-vous des résultats des élections pour le renouvellement du tiers des membres des la Chambre des conseillers?
Mohamed Darif : La première lecture des résultats des élections du renouvellement du tiers nous met devant cinq principaux constats. Tout d’abord, il faut dire que le nombre de sièges obtenus par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), à savoir 22 sièges, est un bon score, en comparaison des résultats obtenus normalement par les partis politiques dans les élections du renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. D’autant plus qu’il s’agit d’un parti politique nouvellement créé.
Les résultats obtenus par le PAM dans ce scrutin s’inscrivent dans la continuité des succès du parti aux élections du 12 juin, aux élections des conseils préfectoraux et provinciaux, aux élections des Chambres professionnelles et aux élections des conseils régionaux. Ces résultats ont mis le PAM dans une position de force par rapport aux autres formations politiques. Le PAM jouit désormais d’une sorte de «légitimité électorale». Le deuxième constat important c’est que les partis de la majorité ont remporté 49 sièges sur un total de 81 à pourvoir dans le cadre des collèges des collectivités locales et des Chambres professionnelles.

Quelle analyse faites-vous de ce constat ?
Les élections du 2 octobre ont consacré la prééminence des partis qui constituent la majorité gouvernementale. Notons que le Parti de l’Istiqlal est arrivé en deuxième position avec 17 sièges, suivi du Mouvement populaire avec 11 sièges, l’Union socialiste des forces populaires avec 10 sièges, le Rassemblement national des indépendants avec 9 sièges, en plus du Parti du progrès et du socialisme qui a obtenu 2 sièges. Le troisième constat, c’est que le Parti de la justice et du développement est le grand perdant dans ce scrutin. Malgré le fait que le PJD est arrivé en première position dans les villes lors des élections du 12 juin, qu’il préside actuellement cinquante communes et participe à la gestion de plusieurs autres, ce parti n’a pas réussi à traduire ce succès dans les élections du renouvellement du tiers. Le quatrième constat, c’est la faiblesse de la représentativité féminine malgré les efforts déployés par l’Etat. Trois femmes seulement ont réussi à être élues. Le cinquième constat c’est «l’équilibre» qui marque la scène syndicale nationale, même si la CDT a décidé de ne pas participer. Les quatre grandes centrales syndicales ont réussi à remporter chacune 2 sièges.

Qu’est-ce qui explique, à votre avis, la prééminence du PAM lors de l’ensemble des opérations électorales qui ont eu lieu après sa création?
Les succès consécutifs du PAM s’expliquent par la nature même de ce parti. Cette formation politique ne travaille pas suivant la logique des partis politiques. Il s’agit plutôt d’une «machine électorale». Au lendemain de sa création, le PAM s’est basé sur les cadres déjà formés dans d’autres formations politiques, les notables ainsi que les professionnels des élections. En plus, le PAM a exploité le point faible des partis politiques, à savoir le monde rural. Chacun sait que la majorité des sièges obtenus par le PAM lors des élections communales émane du monde rural. A cette stratégie, s’ajoutent les alliances entamées par le PAM. Comme je viens de l’expliquer, le succès du PAM dans les élections du renouvellement du tiers s’inscrit dans la continuité des résultats du 12 juin, étant donné que le renouvellement du tiers se base sur les trois cinquièmes des représentants des collectivités locales.

Comment voyez-vous les chances du secrétaire général du PAM pour remporter la présidence de la deuxième Chambre?
Je pense que le PAM a peu de chance de remporter la présidence de la Chambre des conseillers. Suivant une approche mathématique, le PAM vient d’obtenir 22 sièges au sein de la Chambre des conseillers, ce qui lui a permis d’avoir l’un des importants groupes parlementaires avec environ 54 sièges.
La deuxième Chambre est composée de 270 sièges. Afin d’obtenir automatiquement la présidence de la Chambre, le PAM doit atteindre la majorité absolue, 50% plus une voix, soit 136 voix.
La différence entre 54 et 136 montre qu’on ne peut trancher de la possibilité du PAM de remporter la présidence de la deuxième Chambre. Le recours aux alliances est donc incontournable pour le PAM. Mais la question qui se pose est celle de savoir quel est le groupe parlementaire qui est prêt à soutenir le PAM? Aujourd’hui, le Rassemblement national des indépendants affiche sa volonté de rempiler, le Mouvement populaire défend la candidature de Mohamed Fadili et des bruits courent à propos d’une éventuelle entrée en scène du Parti de l’Istiqlal en la personne de Abdelkébir Berkia.

Quel est le scénario que vous envisagez?
Il est attendu qu’il y aurait consensus des partis formant la majorité à propos d’un candidat déterminé. Après le retrait du PAM de la majorité, le gouvernement Abbas El Fassi s’est vu obliger de recourir au soutien du MP. Ce dernier parti n’a que deux ministres au sein du gouvernement, alors que le PI, l’USFP et le RNI qui est à la tête de la Chambre des représentants, sont mieux présentés au gouvernement. Ceci étant, le Premier ministre Abbas El Fassi est conscient de la nécessité de sauvegarder l’homogénéité de la formation gouvernementale.
La logique de l’analyse politique veut que, dans le cadre des ententes entre les partis de la majorité, Mohamed Fadili candidat du MP sera probablement présenté comme candidat de la majorité à la présidence de la deuxième Chambre et sera ainsi capable de la remporter face au candidat du Parti Authenticité et Modernité, Mohamed Cheikh Biadillah.

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