ALM : Allez-vous vous porter candidat au poste de premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires ?
Mohamed Elyazghi : Nous sommes à la veille de la deuxième et dernière session de notre 8ème congrès. Comme vous le savez, mon action depuis des mois est de contribuer avec conviction à la réussite du congrès et permettre à l’USFP de rebondir, dans l’unité, et d’aller aux échéances de 2009 et 2012 avec une ligne politique claire et mobilisatrice. Bref, une ligne politique de grandes réformes constitutionnelles, d’assainissements de la scène politique nationale et de mobilisation dans la solidarité pour un développement économique, social et culturel. Je n’ai pas changé d’avis depuis la communication que j’ai faite devant le Conseil national le 12 janvier 2008, je ne serai pas candidat au poste de premier secrétaire. Cela ne veut pas dire que je vais prendre ma retraite parce que je resterai, le reste de ma vie, militant de l’USFP. Militant pour la liberté, la démocratie, le socialisme, contre l’intolérance, l’obscurantisme, le terrorisme, militant pour l’égalité et la dignité de la Marocaine et du Marocain, militant pour que mon pays accède à une place prestigieuse dans le concert des Nations.
Quel candidat soutiendrez-vous donc pour le poste de premier secrétaire de l’USFP ?
Il faut d’abord attendre que le congrès valide le mécanisme d’élection de la Direction adopté par le Conseil national de septembre dernier. Une fois les candidatures, au poste de premier secrétaire, déposées et les communications présentées par les intéressés aux congressistes, je soutiendrai le candidat qui présenterait la démarche la plus efficace et la plus rigoureuse pour mobiliser les usfpéistes et les citoyens pour permettre au parti de jouer son rôle de locomotive pour enraciner la démocratie, moderniser la société et édifier l’Etat de droit.
Vous avez tendance à minimiser l’impact du Mouvement de Fouad Ali El Himma. Mais d’autres au sein de l’USFP s’élèvent pour mettre en garde contre le danger que représenterait ce Mouvement…
Je ne suis pas un chroniqueur politique, je suis un militant qui a assumé des responsabilités dans le parti qui a le plus marqué l’histoire de la société marocaine depuis plus de quarante ans et qui a été le fer de lance de la lutte contre le despotisme et pour les droits de l’Homme.
Le Maroc est entré, depuis le gouvernement de l’Alternance consensuelle, dans la transition démocratique. L’avancée réalisée doit devenir irréversible et c’est le rôle de toutes les forces démocratiques de faire face à toute menace et à tout danger d’où qu’ils viennent. Lors de la constitution du gouvernement de coalition de Abbas El Fassi en octobre 2007, le groupe parlementaire Authenticité et Modernité a apporté son soutien à ce gouvernement, soutien qu’il a confirmé récemment lors de l’alliance entre ce groupe et les parlementaires du Rassemblement national des indépendants (RNI). D’autre part, et après que cinq ou quatre partis aient fusionné en un seul parti, il faut attendre le congrès constitutif du PAM pour en savoir plus sur la stratégie de ce nouveau parti, sa ligne politique et ses alliances. Et il n’est pas sans intérêt de rappeler que dans notre pays, le gouvernement est responsable devant le Roi et devant le Parlement (c’est l’une des reformes constitutionnelles de 1992). Ce gouvernement ne peut donc se retirer que s’il perd la confiance du Roi ou si le Parlement vote une motion de censure contre lui.
Des membres du bureau politique de l’USFP se sont déclarés favorables à une alliance avec le PJD. Etes-vous d’accord pour cette alliance ?
L’USFP est membre fondateur de la Koutla démocratique avec l’Istiqlal et le Parti du progrès et du socialisme (PPS). Il est donc lié par la Charte de 1992, confirmée en juillet 2006. Cette alliance n’est pas figée et c’est pour cela que la commission préparatoire du 8ème congrès a appelé les congressistes à réfléchir sur l’enrichissement que doivent apporter les trois partis de la Koutla à cette Charte et à son élargissement à d’autres forces démocratiques. Bien entendu, la commission préparatoire de notre congrès a relevé également la nécessité de l’unité, ou la coordination, des organisations de gauche en un grand pôle social-démocrate. Il appartient au premier secrétaire et au bureau politique qui seront élus en novembre prochain d’entamer les débats nécessaires avec nos partenaires de la Koutla et avec les partis et organisations socialistes pour mobiliser les citoyens lors des prochaines échéances de 2009 et 2012 pour lutter contre les candidats pourris et assurer le triomphe des vrais démocrates et progressistes de notre pays.
Il y a une tendance actuellement au sein de l’USFP qui appelle le parti à revenir dans les rangs de l’opposition. Partagez- vous cet avis ?
Notre 8ème congrès est souverain pour décider de la ligne politique dans laquelle nous allons nous engager conformément à la stratégie de lutte démocratique décidée.
L’expérience des grands partis démocratiques dans le monde nous révèle que les forces démocratiques et de progrès ne décident jamais, sur un coup de tête, d’opter pour la majorité ou l’opposition. Et c’est une croyance naïve que de penser qu’il faut appartenir à l’opposition pour gagner en prestige la confiance du peuple. Tout le monde a relevé d’ailleurs qu’au Maroc des organisations de gauche pourtant dans l’opposition, ont subi les plus criantes défaites lors des élections de 2007.
L’USFP est revenue sur le scrutin de liste, en dépit de l’adoption de ce mode électoral précédemment par le Conseil national. Qu’est-ce qui explique ce revirement ?
Ce qu’il faut relever maintenant, c’est le mode électoral adopté par le Conseil national de septembre dernier et qui va permettre au congrès, lors de la deuxième session, d’élire démocratiquement le premier secrétaire, le bureau politique et le Conseil national, c’est-à-dire par un vote direct de tous les congressistes.
USFP : Un huitième congrès sous haute tension
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