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Mohamed Gallaoui : «Il faut une politique de socialisation»

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ALM : Huit ans après les attentats du 16 mai, un autre attentat a secoué Marrakech. Que pensez-vous de la lutte antiterroriste au Maroc?
Mohamed Gallaoui : Je peux dire que globalement les services de sécurité marocains ont acquis une grande expérience en matière de surveillance. Sans doute, en 2003, il y avait pas mal de tâtonnement et de débordement étant donné la nouveauté de l’événement, ce qui a été largement évité en 2011. Dans le cas de l’attentat au café Argana, on a pu remarquer que la police a pu mettre, dans un délai très court, la main sur les auteurs de ce crime. Ceci prouve que l’expérience marocaine est devenue un exemple à suivre.

À votre avis, quelle est la différence entre ces deux attentats ?
À priori, la grande différence est que l’attentat du 16 mai 2003 a été précédé par une série de discours idéologiques prônant l’islamisation de la société à travers les appels de certains salafistes. C’est le cas notamment du cheikh Fizazi qui avait appelé à «la purification de la société». Par contre, aujourd’hui cela s’est passé dans un contexte tout à fait différent avec le climat qui plane actuellement sur le pays notamment le fait qu’il est entré dans une étape transitoire de changement tant au niveau constitutionnel qu’au niveau politique et social. En effet, le discours du 9 mars a posé les jalons d’une profonde révision constitutionnelle à laquelle ont été conviés les partis politiques, la société civile et l’ensemble des acteurs économiques et sociaux d’où l’étonnement que cet attentat de Marrakech ait pu avoir lieu en ce moment précis. Autre différence, on se rappelle que sur le plan international, le monde vivait encore sous le choc de l’attentat du 11 septembre 2001. Il y avait une effervescence des discours extrémistes dans une partie du monde musulman appuyée en cela par certaines chaînes arabes qui en accentuent l’impact.

Comment analysez-vous le comportement des autorités par rapport à ces deux attentats ?
Pour les auteurs de l’attentat du 16 mai 2003, il s’agissait en fait de kamikazes, sur ordre de dirigeants qui leur promettaient le Paradis, qui n’avaient pas un niveau d’instruction assez suffisant pour qu’ils puissent échapper à l’opération d’endoctrinement qu’ils subissaient. Dans le cas d’Argana et d’après la reconstitution de l’attentat, on avait affaire à un jeune homme très calme, à la limite du cynisme, qui agissait en toute froideur comme si son acte ne constituait aucune gravité.

Que pensez-vous de la médiatisation de la reconstitution de l’attentat terroriste contre le café Argana?
A travers cette médiatisation, il y avait deux objectifs. D’abord, rassurer la population marocaine sur la vigilance des services de sécurité marocains et ensuite porter un démenti à toutes les rumeurs faisant croire qu’il s’agissait d’un acte fomenté par les services de sécurité. Jusqu’à présent, il n’y a pas d’indication précise sur les commanditaires possibles. Peut-être l’instruction du dossier révélera ces derniers et l’on en saura un peu plus. Cependant, le ministre de l’Intérieur a bien indiqué que la méthode d’action rappelle les méthodes d’Al Qaida.

Comment faut-il lutter contre le terrorisme au Maroc?
C’est par une nouvelle politique de socialisation et par le renforcement et l’amélioration de notre enseignement à tous ses niveaux et aussi par le rôle décisif des médias nationaux en vue de rehausser la culture politique du citoyen que l’on peut empêcher ce genre d’acte barbare.

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