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Mohammedia ravagée par l’eau et le feu

La paisible ville de Mohammedia a connu, le lundi 25 novembre, la journée la plus longue et la nuit la plus terrible et la plus dramatique de son histoire. Depuis le début de l’après-midi, la panique a subjugué tous les habitants de la ville y compris les pouvoirs publics dès que l’eau a commencé à déborder sur les trottoirs et envahir les maisons.
Les inondations étaient tellement spectaculaires qu’elles ont rendu hystériques les gens qui criaient et couraient dans tous les sens. Mais personne ne savait que le véritable drame allait se produire ailleurs quelques instants après la rupture du jeûne. Tout le monde appréhendait l’eau, mais c’est le feu qui a envahi la cité en se déclenchant là où il ne fallait pas : à la raffinerie la SAMIR. Sauf que c’est l’eau qui est à l’origine du déclenchement de ce gigantesque incendie qui a tenu en haleine le Maroc en entier durant toutes la nuit. Le pays a frôlé une catastrophe qui pouvait arriver à tout moment si le feu n’était pas circonscrit à temps. C’est ce qui explique l’extrême mobilisation des sapeurs pompiers de Casablanca, de Mohammedia et de l’ONDA.
Tous les corps d’armée ont été présents et c’est le général de corps d’armée Housni Benslimane qui a commandé en personne les opérations. Il faut rendre grâce à Dieu que cet incendie ne soit pas propagé aux alentours de la raffinerie où se trouve la centrale thermique de l’ONE où sont stockés les gaz propane et butane et où pointe à quelques encablures une usine de produits chimiques. L’apocalypse n’était pas loin comme l’avaient prédit beaucoup de spécialistes, depuis longtemps, qui disaient que la ville était sur un volcan qui pourrait exploser à tout instant. Lundi, ce danger a été miraculeusement évité par la mobilisation de hauts cadres militaires et civils de l’Etat. On déplore toutefois la mort de deux opérateurs de la raffinerie trouvés entièrement carbonisés et quatre autres ont été brûlés dont un se trouvait dans un état grave. On sentait que la mort rôdait sur la ville dès le début de l’après-midi quand l’eau de l’oued Mellah a débordé sur la ville en contournant la ville basse de tous les sens. À 15 heures, les artères du centre ville étaient inondées par une eau qui n’arrivait nulle part et qui progressait avec une cadence inquiétante. Déjà à cette heure, les boulevards Mohamed V et des FAR ont été submergés par une eau silencieuse qui envahit les maisons comme un serpent. Les gens croyaient que les dégâts ne se produisaient que dans la rue, mais ils ignoraient que l’eau a complètement inondée des quartiers entiers comme WAFA, Inara, les maisons et les restaurants du port et toutes les usines avoisinantes.
Dans un camion de la commune se trouvaient des filles qui étaient bloquées par la montée de l’eau qui a atteint, dans certains quartiers, plus d’un mètre et demi. L’une d’elles était dans un état hystérique et criait au secours pour que les gens aillent secourir des personnes qui ont été bloquées derrière une porte. Mais personne ne l’a entendue car tout le monde y compris les autorités locales, était comme dans un état second. Au milieu de l’après-midi, tout le monde regardait l’eau venir, mais personne ne faisait rien d’autant plus que les pompiers étaient occupés ailleurs… Certaines voitures de police étaient stationnées, d’autres roulaient dans tous les sens comme tous les piétons et les automobilistes. C’est curieux, mais les élus et les autorités locales y compris le gouverneur et le président de la commune étaient invisibles dans les parrages. D’ailleurs les deux patrons de la ville étaient eux-mêmes dans l’embarras total puisque leurs maisons ont été inondées par la montée de l’eau. Et au lieu de voir des zodiacs venir pour sortir les gens de ce bourbier, ce sont les camions de militaires qui ont apparu et un hélicoptère qui a commencé survoler la ville. Incroyable mais, à cet instant, on avait l’impression que l’on était en pleine émeute ou en guerre plutôt que dans une inondation.
La panique était totale et chacun essayait de rentrer chez lui par tous les moyens dans une ville où les routes étaient coupées. Beaucoup ont choisi d’abandonner leurs maisons et d’aller se caser dans un lieu plus sûr, voire de quitter Mohammedia pour Casablanca ou Rabat. Mais il était dit que cette journée et plus tard la nuit allaient se passer comme le pire des cauchemars mais avec la réalité de la nature déchaînée. Les automobilistes, bus et les taxis qui se dirigeaient vers casablanca ont été détournés de la route coter coupe par les inondations pour d’autres routes secondaires et l’autoroute. Mais comme un malheur n’arrive jamais seul, un accident mortel a bloqué complètement l’autoroute dans le sens Rabat-Casablanca. C’est la débandade totale. Il n’y a pas eu de rupture de jeûne pour beaucoup de gens coincés dans les toits de leurs maisons et complètement ignorés par les autorités. L’hélicoptère avait cessé de tourner et son pilote aurait certainement tout vu pour ne donner l’alerte afin que d’autres hélicoptères viennent secourir les gens. Les habitants de Mohammedia hébétés verront plus tard dans la nuit plusieurs avions dans les alentour de la raffinerie la SAMIR. L’incendie aurait commencé quelques instants après la rupture du jeune dans l’unité centrale du pétrole brut. Mais comme cette raffinerie a connu, par le passé, beaucoup d’incendies, les employés sur place croyaient qu’il était facilement maîtrisable. Mais la propagation du feu a été si rapide et si violente qu’il a surpris tout le monde avant que l’alerte générale ne fut donné et que les autorités centrales ne soient averties.
Le ministre de l’intérieur, El Mostafa Sahel, la conseillère du roi, zoulikha Nassri et d’autres ministres ont rejoint le Général de corps d’armée Housni Benslimane qui commandait les opérations. Selon des sources averties, l’ouverture du barrage le samedi a fait déborder l’oued Mellah de son lit pour s’infiltrer dans les égouts riverains à la SAMIR.Avec la pression de l’eau, ces derniers ont commencé à ressortir et se mélanger avec le pétrole des pipe-lines qui raccordent la raffinerie au port. C’est ce mélange explosif où le pétrole se trouvait en surface qui a débordé sur les unités de la raffinerie le SAMIR.
La montée de cette crue explosive était si grande qu’elle est arrivée au contact des tuyaux métalliques surchauffés de l’unité centrale. Ce qui a provoqué irrémédiablement l’incendie qui risquait de mettre à feu et à sang toutes la région y compris Ain Harrouda, voire Casablanca. Quand on sait que beaucoup de pipe-lines relient la raffinerie jusqu’à Ain Sebaâ, il faudrait rendre grâce à dieu que le mal a été circonscrit à ce niveau.

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