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Moulay Hafid El Alamy s attaque à Emergence

© D.R

De la part d’un manager et homme de terrain, on ne pouvait pas s’attendre à moins. Le nouveau ministre de l’industrie et du commerce, Moulay Hafid El Alamy, n’a pas attendu longtemps pour s’attaquer aux choses sérieuses. Et pour commencer, le ministre a choisi de se pencher sur le dossier des zones d’activités et zones industrielles programmées dans le cadre du Plan Emergence.

Ces zones d’activités, plus communément connues sous l’appellation générique des P2I (plates-formes industrielles intégrées), devaient marquer une rupture avec les traditionnelles zones industrielles telles qu’elles étaient conçues jusque-là. Les P2I constituaient même un des volets majeurs du Plan Emergence dans le sens où des zones d’activités de nouvelle génération sont dédiées aux nouveaux métiers mondiaux du Maroc comme l’offshoring, l’automobile, l’électronique, l’aéronautique…

Depuis le démarrage de la mise en œuvre effective du programme, en 2008, plusieurs de ces P2I ont pu être réalisées avec succès et certaines sont aujourd’hui pleinement opérationnelles. C’est le cas, entre autres, de Casanearshore, de Rabat Technopolis, de la zone aéronautique de Nouaceur, de l’Automotive City de Kenitra ou encore de Fès Shore et Tétouan Shore.

Mais tout n’étant pas parfait, il y a également d’autres projets de P2I qui ont connu moins de succès, qui n’avancent pas au rythme prévu tandis que d’autres sont carrément encore à la case départ.

C’est probablement pour avoir une idée précise des facteurs de réussite des unes et de blocage des autres que l’une des premières décisions du nouveau ministre de l’industrie a été d’ouvrir ce dossier. Quelques jours seulement après sa nomination, il a donc décidé de procéder à une évaluation complète de tous les projets de P2I qui sont au nombre de 16. Cette évaluation devrait permettre de procéder à un recadrage de tout le concept.

Un recadrage qui visiblement s’impose au vu de l’état d’avancement global tel que dressé en juillet dernier par les services du ministère lui-même. Ainsi, sur les 16 P2I programmées, 6 à peine sont réalisées et en activité. Il s’agit de Casanearshore, Rabat Technopolis, Fès Shore, Oujda Shore, Tétouan Shore et Kenitra Automotive City.

Au moment de l’établissement de cet état des lieux, en juillet dernier, deux autres plates-formes étaient quasiment achevées et devaient entrer en activité, à savoir Tanger Automotive City et Nouaceur Aerospace.

Sur les huit projets qui restent, l’extension de Tanger Free Zone (TFZ) est visiblement la plus avancée puisque les travaux de construction de la première tranche ont déjà démarré pour une date de livraison attendue courant 2014, sans plus de précision.

En revanche, 7 projets inquiètent par le retard qu’ils accusent à ce jour d’autant plus qu’aucune visibilité n’est possible sur la date éventuelle de leur livraison et encore moins de leur entrée en activité. Les deux P2I de Fès Ras El Ma et celle, baptisée Ditema, prévue non loin de Settat, en sont encore au stade dit de pré-placement. Quant aux cinq dernières qui restent, elles sont encore au stade de projets sur papier. Il s’agit de Marrakech shore, de la grande P2I de Casablanca,  de celles de Laâyoune et de Dakhla et, enfin, d’une P2I dont les contours ne sont tout simplement pas encore définis. Baptisée P2I quartier régional/national, les pouvoirs publics n’ont pas encore arrêté le choix quant à son emplacement ni les activités qui y seraient exercées ni les modalités pratiques de sa réalisation.

Sur la base du retour d’expérience des zones déjà en activité et au vu des retards accusés par les autres, le ministère de l’industrie a donc décidé d’identifier d’abord les facteurs qui entravent le développement de ces P2I et d’y remédier. Mais ce n’est pas tout. Apparemment, Moulay Hafid El Alamy veut également profiter de l’occasion pour faire un travail en profondeur de recadrage général. Il s’agira entre autres de réviser le positionnement de ces nouvelles zones, de les redimensionner s’il en est besoin, de reconsidérer le concept même et de revoir aussi les plannings de réalisation. Il n’est pas impossible, en effet, que dans certains cas les pouvoirs publics aient vu trop grand.

Il ne faut pas oublier, aussi, qu’entre le moment où le programme des P2I a été lancé, une période économiquement faste à l’échelle mondiale, et aujourd’hui, beaucoup de donnes ont changé et l’Etat marocain devra probablement revoir ses montages. C’est précisément le cas pour les modes de placement des zones industrielles, de leur gestion et de leur commercialisation. Raison pour laquelle, parmi les aspects sur lesquels se penchera le diagnostic figurent, par exemple, la taille des lots proposés aux investisseurs, les prix, et les modes de commercialisation (vente, location, leasing…).
Plus loin encore, le ministère se propose de travailler sur l’ADN même du Plan Emergence en analysant, à l’horizon 2025, les tendances mondiales dans les nouveaux métiers ciblés par le Plan de manière à pouvoir opérer le repositionnement de l’offre Maroc en la matière. Dans le même ordre d’idées, le ministère n’écarte pas la possibilité de voir s’ajouter d’autres métiers stratégiques aux six qui existaient initialement dans le programme. C’est le cas  des trois secteurs que sont la chimie-parachimie, l’industrie pharmaceutique et le secteur des industries mécaniques et métallurgiques (voir encadré).

Il est indiscutable qu’une telle revue du Plan Emergence, signé et mis en œuvre depuis quatre années, s’imposait d’elle-même. Maintenant, il faut espérer que les tendances mondiales, surtout dans les métiers émergents, n’ont pas foncièrement changé depuis et que les choix fondamentaux faits par le Maroc se trouveront confortés. Cela dit, une vision stratégique est intrinsèquement sur le long terme et doit donc forcément être rectifiée, rafraîchie et mise à jour de manière à être toujours pertinente. Vaste programme pour Moulay Hafid El Alamy. Ce dernier, joint d’ailleurs au téléphone par ALM, est resté fidèle à sa promesse de départ, à savoir ne pas trop communiquer de manière prématurée, et s’est juste contenté de confirmer en reconnaissant qu’il «y a beaucoup à faire» !

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