ALM : Nous assistons à une banalisation des images choquantes. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
Nabil Ghazouane : La violence est omniprésente.Elle constitue un fait réel de société. La violence et l’horreur sont quasi permanentes dans les médias qui cherchent sans cesse à choquer le public à travers des images alarmantes. On assiste à une véritable banalisation de la violence. Quant on parle de violence, il faut distinguer la violence physique et psychologique. Cette dernière peut se manifester à travers les images. Regarder des images choquantes peut provoquer un traumatisme chez la personne et perturber son équilibre émotionnel.Au contraire,une pulsion scopique peut s’instaurer. Le regard donne une satisfaction à la personne. Beaucoup de personnes aiment regarder des images horribles car elles constituent pour elles un moyen d’évacuer leur propre agressivité. Les images constituent ainsi un moyen de projeter, d’extérioriser l’agressivité qui est en nous. Et cette agressivité peut se transformer en violence.
Quels sont les principaux dangers ?
Il est indéniable que les images choquantes ont un effet pervers sur l’individu. Le principal danger est le passage à l’acte.
Comment peut-on remédier à cette situation?
On ne peut pas stopper la violence et vivre dans une société pacifiste. C’est une utopie. Pour faire face à ce phénomène, il faut chercher les origines de cette violence. Pour cela, la personne doit verbaliser ce qu’elle voit. L’expression verbale constitue une thérapie. Cela dit, on constate de manière générale que les gens ont beaucoup de difficultés à verbaliser la haine qu’ils éprouvent. Sortir dans les rues pour manifester contre la violence constitue un moyen de remédier à cette situation. Il ne faut pas jouer à la politique de l’autruche qui consiste alors à interdire aux gens de regarder la télé ou de lire la presse car ceci peut entraîner un renfermement de la personne et peut conduire à la paranoïa.