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Naïm Kamal : «Basri vend ses services à l’Algérie»

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ALM : la publication récente de la transcription de la réunion tenue, en 1996, entre SM le Roi Mohammed VI alors Prince héritier et une délégation du front Polisario sert quelle stratégie ?
Naïm Kamal : Ce n’est pas un secret. De tout temps, le Maroc a négocié avec le Polisario pour trouver une solution politique à la question du Sahara. Maintenant, s’il y a quelque chose à retenir des «minutes des réunions» publiées dans la presse, c’est la perspicacité du Souverain alors Prince héritier. Déjà au début des années soixante-dix, les accords d’Ifrane sur les frontières maroco-algériennes n’avaient de sens que la facilitation des relations entre les deux pays et la décolonisation du Sahara. Mais cette façon d’égarer la mémoire du dossier renseigne, bien sûr, sur une volonté de mettre tous les blocages sur le dos du Maroc et en exergue de prétendus atermoiements et hésitations de Rabat.

A votre avis, qui aurait laissé filtrer un tel «document» ?
Il s’appelle Driss Basri. Rarement l’histoire a vu quelqu’un qui se veut un «homme d’Etat» agir d’une manière aussi légère et inconsciente. Ce n’est pas un ancien flic, c’est un mercenaire. Il vend ses services aujourd’hui à l’Algérie. C’est ce même homme qui a dit que Braham Serfati était Brésilien.

Que pensez-vous de la thèse selon laquelle le Maroc devrait  craindre un éventuel retour aux armes du Polisario ?
C’est une approche très curieuse, défaitiste, qui estime que pour gagner, il faut perdre. Sincèrement, je ne comprends pas les ressorts de cette démarche. De deux choses, l’une : ou c’est de l’analphabétisme politique, ou c’est de la manipulation. Dans les deux cas, c’est grave.
Au fait, ce que l’on demande au Maroc, c’est de capituler devant l’Algérie sans autre forme de procès et sans demander son reste. En tout cas, c’est une approche inadmissible. Le Maroc a ses atouts et naturellement il va les jouer jusqu’au bout. La reprise des armes par le Polisario est un argument tellement dérisoire qu’il vaut mieux en rire. Dans le rejet de cette démarche défaitiste, il ne s’agit ni d’une attitude générée par un patriotisme étriqué ni d’une approche méconnaissant les données géostratégiques dans le monde et dans la sous-région. Mais seulement de la meilleure contribution possible à ce que le Maroc négocie le virage actuel au mieux de ses intérêts.

Cette campagne hostile au Maroc est lancée à un moment où le Royaume se prépare à présenter à l’ONU la proposition d’autonomie…
C’est pour cela qu’il est flagrant qu’il s’agit d’une opération d’intox qui tend à fragiliser la position du Royaume en laissant entendre qu’il n’existe plus de consensus sur la question de l’intégrité territoriale. Or, les pouvoirs publics et toute la classe politique marocaine convergent sur une solution qui préserverait la souveraineté du Maroc sur ses territoires tout en offrant la possibilité d’une solution politique négociée dans la région.
Par ailleurs, ce qu’il faut relever c’est que lire de tels commentaires dans la presse algérienne c’est tout à fait naturel.
Mais, qu’ils soient publiés dans un journal marocain, ils apparaissent vite, dans une phase de négociations critique, comme une tentative de fragiliser de l’intérieur la position de Rabat. 

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