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Nominations de hauts fonctionnaires : Le gouvernement obligé de revoir sa copie

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Un référentiel des différentes hautes fonctions avec des normes communes s’imposant à tous les ministères. C’est le projet sur lequel se penche actuellement le ministère de la fonction publique et de la modernisation de l’administration. Un travail que Abdelâdim El Guerrouj, le ministre de tutelle appartenant au Mouvement populaire, a jugé nécessaire d’entreprendre plus d’une année après l’entrée en vigueur de la loi relative aux hautes fonctions, seule et unique loi importante adoptée par le gouvernement.  «Nous sommes en train de préparer un référentiel des différentes hautes fonctions pour avoir des normes qui s’imposent à tous les départements ministériels et dont l’objectif reste la qualité du management et la performance de l’administration publique», a-t-il indiqué à ALM (voir entretien page 5). Mais pourquoi l’annonce d’une telle mesure aujourd’hui, alors que plus de 210 désignations à des postes stratégiques ont été faites depuis l’application de la loi? La réponse est à chercher du côté des réactions qu’ont suscitées ces nominations. Des réactions qui confirment aujourd’hui les craintes exprimées il y a une année par l’opposition lors du débat pour l’adoption de cette loi. «Aujourd’hui l’administration marocaine vit au rythme d’une vague d’islamisation. Le parti gouvernant installe ses proches dans tous les postes clés de l’administration publique», a déclaré à ALM Fatiha Layadi, parlementaire PAM. «Ce sont de bébés ‘démons et crocodiles’, de futures forces de résistance des gouvernements prochains. Alors que ce qu’il faut ce sont des compétences avant tout», martèle-t-elle. Et en effet, selon plusieurs sources concordantes et cas publiés dans la presse, cette situation concerne plus d’une centaine de postes. «Il n’y a qu’à voir les dernières nominations au CHU de Casablanca, ou dans d’autres départements, ou encore les délais des appels à candidature qui ont été prolongés afin que des personnes spécifiques puissent déposer leur dossier», fait remarquer Mme Layadi. Ce constat, d’autres partis de la majorité le partagent. Pour Adil Benhamza, porte-parole de l’Istiqlal, «il y a une véritable sélectivité des critères et conditions d’accès aux postes, souvent taillés sur mesure, de même ces critères changent d’un ministère à un autre». M. Benhamza cite des exemples: «Des appels à candidature pour des postes sous la tutelle du ministère de l’enseignement supérieur ont exigé 20 ans d’expérience et la maîtrise parfaite de trois langues. Pour postuler au poste de secrétaire général du ministère de la santé, la condition imposée a été d’être exclusivement médecin ou pharmacien alors que c’est une fonction de pure gestion administrative. Autre exemple : exclusivement composée d’un ministre et de cadres PJD, la commission de sélection pour la fonction de directeur de cabinet du ministère des relations avec le Parlement a retenu un fonctionnaire très proche du PJD. Le cas vaut également, entre autres, pour les membres de la fameuse commission de dialogue sur la société civile, ou encore ceux de la commission pour la parité, sous la tutelle de Bassima Hakkaoui, ministre de la solidarité, de le femme, de la famille et du développement social. Et la liste est longue».
«A quoi bon ce cinéma si les ministres finissent toujours par placer leurs amis !», s’indigne M. Benhamza.
Toutefois, pour certains cela pourrait sembler «normal» qu’un parti puisse recruter les personnes en qui il a confiance afin de veiller à l’application de son programme politique. Sauf qu’il s’agit pour Mme Layadi d’une violation flagrante de la nouvelle Constitution, et précisément l’article 92 qui impose les principes de mérite, de compétence et d’égalité des chances. Ceci sans parler du taux d’accès des femmes à ces postes qui n’atteint que 12%.

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