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Noureddine Bilali : «Le Maroc négocie avec une entité sourde»


ALM : Lors des négociations d’Armonk, l’obstination du Polisario a, encore une fois, bloqué le processus de négociations. Qu’en dites-vous?
Noureddine Bilali : Tout d’abord, juste l’idée de réunir les parties au conflit autour de la table des négociations est une bonne chose. Toutefois, le problème qui se pose c’est que le Polisario dépend de sa maîtresse l’Algérie. Le front des séparatistes n’a pas le pouvoir de décider. Il participe, donc, aux négociations sans avoir l’intention de négocier. C’est comme si le Maroc négocie avec une entité sourde. L’émissaire onusien Christopher Ross a affirmé, à l’issue des négociations, que chaque partie a réitéré sa position devant l’autre sans parvenir à un développement substantiel. En réalité, je pense que tant qu’il n’y a pas de négociations franches entre le Maroc et l’Algérie, les prochains rounds seront condamnés à l’échec. Car l’Algérie dessine des lignes rouges à sa création le Polisario à ne jamais franchir.

Justement, à quoi bon servent des négociations directes entre le Maroc et le Polisario qui, selon les observateurs, ont montré leur inefficacité?
Comme je l’ai déjà signalé, les négociations directes permettent à chacune des parties de mieux connaître la proposition de l’autre. Mais, hormis cette perspective, je pense que tant que chacune des deux parties au conflit refuse la proposition de l’autre, la Communauté internationale pourrait développer sa propre proposition. Le Conseil de sécurité pourrait, ainsi, ficeler une proposition formulée à partir d’un mélange des propositions des deux parties. Une proposition qui serait mutuellement acceptable suivant la logique de ni vainqueur ni vaincu. Et que cette proposition constituerait une plate-forme du débat. Car dans l’état actuel des choses, le Maroc a pris l’initiative de mettre sur la table la proposition d’autonomie et le projet structurant de la régionalisation comme plate-forme de négociations, mais le Polisario refuse de négocier catégoriquement.

Christopher Ross effectuera prochainement une visite dans la région. Êtes-vous optimiste quant à cette démarche de l’émissaire onusien?
L’ONU tient toujours à donner de l’espoir à la solution des conflits. C’est normal. On ne s’attendait nullement pas à ce que Christopher Ross dirait, à l’issue des négociations de la banlieue new-yorkaise, que le processus de résolution a débouché sur l’impasse. Contrairement à cela, l’émissaire onusien affirme toujours que les parties ont réaffirmé leur volonté de reprendre les négociations le plus tôt possible. En plus, la visite de Christopher Ross dans la région coïncidera avec le renouvellement attendu du mandat de la Minurso.

Le Polisario continue de fuir le fond du problème en jouant la carte des droits de l’Homme dans les provinces du Sud. Quel commentaire en faites-vous?
En fait, les séparatistes de l’intérieur exploitent le climat de liberté et d’ouverture qui prévaut dans les provinces du Sud du Maroc. Ils sont soutenus par des associations qui militent contre l’intégrité territoriale du Maroc et font de la propagande sur de prétendues violations des droits de l’Homme. Ils ne cessent de répéter la même chanson. Pour eux, toute interpellation ou toute arrestation, même si elle est légale, leur donne un nouvel élan.

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