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On tue au nom d’Allah

Né dans les années 70 dans le quartier de Sidi Moumen Laqdim, Zakaria avait constitué le groupe « Assirat Al Moustaqim » (le droit chemin). Le jour de l’Aïd Al-Adha, le groupe rencontre Fouad dans un état d’ébriété avancé et il décide de l’exécuter par lapidation « au nom d’Allah ». Sidi Moumen Laqdim, un quartier chaud de la grande périphérie de Casablanca, dans la préfecture de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ ; bidonvilles, terrains vagues, haschisch, psychotropes, alcool, chômage, pullulement des petites mosquées « non officielles » et absence d’infrastructures. Sans oublier une agglomération de 16.000 foyers renfermant 200.000 habitants ! Zakaria n’a pas fait d’études poussées.
Cet orphelin de père commence à se débrouiller pour gagner sa vie et aider sa mère. Il est devenu pieux, prie, jeûne, apprend l’Islam dans les livres, regroupe des personnes autour de lui, fait des audiences de Dikr et de Hadith. Il commence à influencer ses compagnons par ses idées, en leur parlant des Musulmans en Tchétchénie, en Afghanistan et en Europe et les exhorte à les soutenir.
Il donne à son groupe un nom : « Le Droit Chemin » qui déduit son idéologie du « Salafisme du Jihad ». Il est devenu l’idéologue et la référence du groupe. Il écrit même un livre en arabe intitulé « La dualité du discours dans la méthode des mouvements islamistes marocains » et un autre intitulé « Réplique sur le discours du docteur Azzedine Tawfik ». Samedi 23 février. Il est seize heures. Fouad Al Kardoudi, 29 ans, repris de justice, a déjà avalé une bouteille de Mahia (eau de vie) et quelques comprimés psychotropes. Vers dix-huit heures trente, au moment de la prière d’Al Maghrib, Fouad qui titubait, rencontre Mohamed. O, membre du groupe « Le Droit chemin ».
Ce dernier lui dit ce qu’il pensait de son comportement. Fouad sort son couteau, lui assène un coup à la joue gauche. Mohamed court aux urgences de l’hôpital Mohammed V, où on lui fait trois points de suture. Là, ses « frères » le rejoignent ; des jeunes hommes dont l’âge ne dépassant pas la trentaine. Ils s’adonnent, tous, à des métiers de subsistance : marchand de sandwiches, aide-commerçant, électricien, marchand de légumes, journalier, vendeur de harira… Ils décident de lapider Fouad. Après la prière d’Al Ichaa, ils se sont dirigés vers la place de la Poste. Ils attendaient l’arrivée de Fouad, munis des pierres, un couteau et un bâton. Lorsque Fouad arrive, l’un des « frères » crie « Allahou Akbar ! ». Et c’est le début de la lapidation. Fouad tombe par terre. L’un des « frères » l’achève d’un dernier coup de pierre. Fouad rend l’âme en pleine rue.

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