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Opération Sid Al Khadir : La terreur change de camp

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Les habitants de Sid Al Khadir, dans la circonscription de Hay Hassani à Casablanca, sont encore sous le choc de l’opération policière qui s’est déroulée dans leur quartier au petit matin du samedi 1er mai en vue de l’arrestation de cinq présumés terroristes qui ont élu domicile dans la rue 12 au n° 37. Les gens furent tirés de leur sommeil par une série de coups de feu qui ont déchiré le voile paisible du petit matin. Il est 4 heures quand une brigade d’une soixantaine d’éléments a pris position autour des différents espaces du secteur. Le dispositif sécuritaire doit être hermétique pour empêcher éventuellement la fuite des suspects. Mot d’ordre de l’opération Sid Al Khadir : capturer ces derniers vifs. Eviter les coups mortels.
Une opération jugée de très grande importance car l’un des recherchés, Abdelmalek Bouzgarne, est considéré comme un individu dangereux.
On frappe très fort à la porte de la maison encerclée. “ Ouvrez, c’est la police”. Quelques secondes plus tard, une voix juvénile répond: “ Attendez un moment”. Une armada de policiers, armes au poing, sont alors en faction, prêts à intervenir. Tout à coup la porte s’ouvre et en même temps surgissent cinq jeunes hommes munis de sabres criant “Dieu est grand, la victoire ou le martyr” à la face des policiers pris au dépourvu par la contre-attaque des malfaiteurs. C’est la confusion totale. Un suspect réussit à atteindre par son épée effilée un homme en uniforme à la tête. La bataille fait rage entre les forces de l’ordre et la bande à Bouzgarne qui montre une résistance extrêmement farouche. C’est alors que les policiers font usage de leurs armes à feu pour se défendre contre les menées de leurs agresseurs décidés à mourir en “ Moujahidine”. Une quarantaine de balles furent tirées lors de l’opération.
Un terroriste est blessé à la jambe par une balle. Malgré sa blessure et le fait qu’il soit à terre, il se débat comme un forcené avec un policier qui tente de le maîtriser. Comme une toupie tournoyant à toute allure, le malfrat fait plusieurs rotations sur lui-même en balayant l’air de son sabre accroché à son poignet à l’aide d’une sangle en cuir. Les coups ainsi esquissés à hue et dia touchent le policier qui tente de le maîtriser. À voir ce festival de sabres crânement déployé sur fond de cris et de coups de feu, on dirait une scène sortie droit du film “Le dernier Samouraï“ de Tom Cruise, actuellement dans les salles à Casablanca.
Aucune mort n’est à déplorer. L’opération s’est soldée par trois blessés graves dans le corps de la sûreté nationale (Bouchaïb Salama, Mohamed Merouane et Abderrahim Sekkar) et de deux blessés du côté des terroristes. Ils ont été immédiatement hospitalisés. Les jours des uns et des autres ne sont pas en danger.
Il aura fallu plus de 45 minutes, une éternité pour les forces de l’ordre, pour maîtriser les terroristes. Pas tous. Deux d’entre eux, Mohamed Mental et Youssef Addad, ont profité du désordre ambiant et de l’obscurité pour prendre la fuite. Un des fuyards a probablement été blessé à la jambe lors de cette confrontation violente. Une opération de ratissage conjointe (police et gendarmerie) a été immédiatement lancée pour retrouver la trace des évadés. Sans résultat pour l’instant.
Outre le chef Abdelmalek Bouzgarne, deux de ses complices sont mis hors état de nuire : Mourad Lemnawar et Mohamed Jarmouni. Les deux premiers ont le même âge, 27 ans alors que le dernier est leur cadet de 3 ans.
La maison où se planquait cette bande dangereuse est une petite pièce d’à peine 30 mètres carrés louée à 900 DH le mois. Ni mobilier, ni télévision. Ici, les policiers ont néanmoins saisi un tas d’objets intéressants : une somme d’argent de plus de 30.000 DH, un ordinateur, une imprimante, des Cédéroms, de faux gilets de police, deux passeports et une littérature obscurantiste. Autres documents saisis, des cartes d’identité nationale dont l’une appartient à un gendarme assassiné dont le cadavre a été retrouvé à Sidi El Bernoussi au mois de juin de l’année dernière. La bande à Bouzgarne est soupçonnée de son assassinat. Un bout de papier griffonné en arabe se trouvait dans les affaires du groupe terroriste, il s’agit d’une formule de fabrication d’une bombe artisanale. Deux vélomoteurs figurent aussi parmi les choses découvertes chez ces tueurs. Selon un enquêteur, ces derniers s’en servaient pour commettre vols et agressions.
Le renseignement capital qui a permis de connaître leur planque est venu de Salé. Un jeune homme regagne le domicile familial situé à Hay Oued Eddahab dans la commune de Laâyayda, après l’avoir déserté depuis plus de trois mois. Mohamed Hadiri-c’est son nom- revient complètement métamorphosé. Il ordonne à ses soeurs de porter le voile en les menaçant si elles ne s’exécutent pas. Un voisin de la famille Hadiri en parle à la police de Salé. Interpellation immédiate du suspect qui, au fil de l’interrogatoire serré auquel il est soumis, passe aux aveux. Il raconte par le menu comment il a fait la rencontre d’une bande d’intégristes à Casablanca dont il est devenu membre et qu’il veut aider dans son entreprise de “Jihad“ en lui donnant le produit de la vente de son véhicule utilitaire de transport de marchandises. Devenu coopératif, le suspect propose aux enquêteurs de leur montrer la maison où se cachent ses acolytes dont il balance également les noms. Une reconnaissance des lieux sera opérée sur le champ. Décision a été rapidement prise de monter une équipe pour donner l’assaut. Une brigade est formée, sous le commandement du préfet du Grand Casablanca, des différents services de police de Salé, Casablanca, Rabat, des éléments de la BNPJ. Il ne fallait surtout pas rater la cible. Et pour cause… Issus des bidonvilles de Douar Skwila Et Douar Ahl Loughlam dans la périphérie de Casablanca, Bouzgarne et ses compagnons d’infortune, interrogés par les enquêteurs depuis leur arrestation, sont les rescapés de la cellule de Youssef Fikri démantelée en juillet 2002 et qui avait répandu la mort et la terreur dans différentes villes du pays. Ce sont les membres de cette cellule qui avaient assassiné nombre de personnes dont le policier Saïd Roussaïne, le gendarme Mohamed Hamdi et le clerc de notaire casablancais, Abdelaziz Al Aassadi. Fin d’une cavale meurtrière.

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