ALM : Pourquoi l’institution d’une taxe sur le sable suscite-t-elle autant de réactions de la part des professionnels ?
Othmane Mernissi : La majorité du sable écoulé sur le marché national provient des carrières dunaires. Ces dernières ont un prix de revient entre 12 et 15 dirhams le mètre cube. C’est un coût quasi nul alors que le prix de vente oscille entre 100 et 130 DH. La situation est claire. On est face à une économie de rente représentée par l’exploitation du sable des dunes qui ne nécessite aucun investissement en drainant des bénéfices très importants.
Que l’Etat veuille instaurer une taxe parafiscale à titre provisoire ou définitif sur un secteur qui réalise autant de gain, nous ne pouvons en tant que professionnels faire aucune remarque ou objection là-dessus. C’est la généralisation de la taxe à d’autres producteurs qui ont des dépenses d’exploitation et de production plus importantes et des bénéfices beaucoup moins importants qui suscite aujourd’hui la problématique. Mais il existe également une problématique beaucoup plus importante qui concerne l’informel. La majorité du sable écoulé sur le marché national provient du secteur informel.
Craignez-vous que le secteur formel soit le seul à passer à la caisse en quelque sorte ?
Lorsque l’Etat programme une recette fiscale, il est difficile sinon impossible de la prélever auprès des exploitants opérant dans l’informel. Je ne suis pas un politique mais je dois attirer l’attention des responsables. Il ne faut pas avancer des chiffres plutôt politiques au détriment de chiffres techniques en sachant bien qu’à la fin de l’année les chiffres des recettes fixées préalablement ne seront pas atteints. Dans ce cas, on dénoncera les professionnels les accusant de ne pas jouer le jeu. Il ne faut pas oublier qu’une grande partie du sable vendue sur le marché provient de l’informel.
Quelles sont les mesures que vous comptez prendre?
Il appartient aujourd’hui aux professionnels d’aller vers les départements ministériels chargés de l’élaboration de la loi de Finances. Nous avons déjà eu un échange avec la direction générale des impôts mais nous savons que la DGI n’est pas concernée par l’élaboration ou l’amendement de la loi de Finances. Nous allons donc essayer de prendre contact avec Aziz Rabbah, le ministre de l’équipement et du transport. Le but est d’expliquer à monsieur le ministre notre besoin d’éclaircissement sur les carrières et les producteurs concernés par cette taxe. D’un autre côté, il serait plus judicieux que le gouvernement s’occupe sérieusement des carrières dunaires ainsi que le secteur de l’informel tout en gardant les autres opérateurs du secteur en contrepoids.