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Otman Gair : Le gouvernement est victime des réformes reportées

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ALM : Comment expliquer cette situation imposant la coupe budgétaire ?
Otman Gair : Il faut dire que la décision du gouvernement qui consiste à faire une coupe budgétaire de 15 milliards de dirhams destinés initialement à l’investissement, a été dictée principalement par l’aggravation du déficit budgétaire constaté pour l’année 2012, et qui a atteint plus de 60 milliards de dirhams contre 45 milliards prévus au départ, soit plus de 7.1%. Cela se justifie essentiellement par l’évolution continue des crédits consacrés à la Caisse de compensation (+ 28 milliards DH), l’augmentation des dépenses de fonctionnement de 2 milliards DH, et l’accroissement des dépenses d’investissement de plus de 2,5 milliards, par rapport aux estimations initiales figurant dans la loi de Finances 2012. Ce constat montre une difficulté de maîtrise de la dépense publique, se manifestant à travers le taux de réalisation des dispositions de la loi de Finances 2012, ce qui a eu une influence notable sur la structure de la loi de Finances 2013.

Cette mesure ne remet-elle pas en cause les prévisions de la loi de Finances?
Je pense que le gouvernement subit aujourd’hui les conséquences du retard du vote de la loi de Finances 2012, ce qui a eu comme impact majeur l’incapacité de réalisation de la totalité du budget d’investissement, et le report de crédit pour l’année 2013 de plus de 21 milliards DH, ajoutés aux 58 milliards qui constituent le budget d’investissement de l’exercice 2013. Une situation qui aura comme effet important l’aggravation du déficit qui pouvait atteindre 9% s’il n’y avait pas de coupe budgétaire. Le deuxième facteur réside dans l’optimisme et la fragilité des hypothèses de la loi de Finances 2013, n’ayant pas tenu compte de la situation de crise qui plane sur le Maroc, et qui nécessitait des mesures exceptionnelles et des prévisions prudentes, pour relancer l’activité économique sans porter atteinte aux équilibres macroéconomiques.

Le spectre du FMI ne serait-il pas en train de planer sur notre économie?
Evidemment, car le Royaume s’est engagé auprès du FMI à œuvrer pour le maintien et l’amélioration des équilibres macroéconomiques, en entamant des réformes dans ce sens (compensation en tête), s’il veut continuer à bénéficier de la ligne de crédit de précaution évaluée à 6,2 milliards de dollars. Dans ce sens, une délégation spéciale du FMI avait visité le Maroc dernièrement pour vérifier la solidité des données communiquées par le Maroc, ce qui justifie entre autre la détermination du gouvernement à maîtriser le déficit à des niveaux acceptables.

Quelle mesure le gouvernement doit-il prendre?
Le gouvernement est victime des réformes reportées. Il est dans l’impératif de mener des réformes structurelles, tout en veillant sur les indicateurs conjoncturels, ce qui n’est pas toujours facile à concilier lorsqu’il y a une augmentation de la demande sociale. Une réforme structurelle des finances publiques s’impose, pour améliorer le rendement du système fiscal et l’efficacité de la dépense publique, sans pour autant faire supporter aux seules classes pauvres et moyennes le coût de la réforme.

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