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OUALALOU bombe le torse

© D.R

En dépit des attentats du 16 mai, l’image de marque du Maroc n’a pas été altérée aux yeux des investisseurs étrangers. Mieux encore, ces derniers font davantage confiance dans l’avenir économique du pays. Et pour cause, pour la première fois de son histoire financière, le Maroc a réussi à attirer des capitaux étrangers sans aucune garantie extérieure. Le gouvernement a lancé, le 27 juin dernier, un emprunt obligataire de 400 millions d’euros sur le marché financier international, remboursable sur 5 ans, à un taux assez intéressant de 5,24%. « Cette opération s’inscrit dans une politique de gestion active de la dette extérieure », a déclaré Fathallah Oualalou, ministre des Finances et de la Privatisation, lors d’une conférence de presse, lundi 7 juillet. Celle-ci s’est tenue au siège du ministère à Rabat, à l’occasion de la signature des documents relatifs à l’émission de l’emprunt. En effet, cette somme de 400 millions d’euros servira à rembourser par anticipation, la dette extérieure onéreuse, principalement, au profit de la Banque Islamique de Développement (BID) et la Banque Africaine de Développement (BAD). Ces dernières, parmi d’autres, avaient octroyé des crédits au Maroc à des taux élevés, atteignant les 7%. « Cette émission permettra de rembourser ces dettes qui coûtent cher et partant de réaliser des gains d’environ 40 millions de dollars », a précisé Fathallah Oualalou. Cette cérémonie de signature s’est déroulée en présence de Brian Henderson, vice-président de Merrill Lynch et Jacques De Larosière, conseiller du président de BNP Paribas. Ces deux banques sont, en fait, les chefs de file conjoints de cette émission. Etait également présent, Othmane Benjelloune, PDG de la BMCE. Celle-ci est, avec la BMCI, les banques conseillères locales des deux chefs de files. Fathallah Oualalou, visiblement satisfait de cette opération, a déclaré à cette occasion que « le recours au marché financier international vise essentiellement à permettre au Maroc d’y établir une référence, un benchmark, et à inaugurer un nouveau guichet potentiel pour les opérateurs publics et privés marocains ». En effet, la réussite de cette transaction montre bien que les investisseurs étrangers font confiance « dans la stabilité politique du Maroc, dans la nature saine de ses fondamentaux et dans ses performances en matière de réforme », ajoute Oualalou. Celui-ci a réalisé du 20 au 27 juin dernier, en compagnie de ses collaborateurs, une vaste tournée dans plusieurs places internationales. C’est ainsi qu’il s’est rendu au Bahreïn, Dubaï, Paris, Munich, Francfort, Amsterdam et Londres. La délégation marocaine a rencontré 200 investisseurs internationaux. Oualalou a même réalisé des exposés en anglais. Une langue qu’il reconnaît ne pas maîtriser parfaitement. En d’autres termes, les responsables marocains ont fait des efforts qui se sont avérés payants. Les ordres de souscription ont commencé à fuser de partout et ont atteint les 800 millions d’euros pour une émission de 400 millions. Les investisseurs sont d’origines diverses: 65% d’Europe, 25% du Moyen-Orient, 9% des Etats-Unis et 2% d’Asie. Ils proviennent de secteurs multiples: des Fonds d’investissement (40%), des banques (37%), des assurances et fonds de pensions (5%), des agences gouvernementales (3%) et même de particuliers. Le lancement de cet emprunt a été préparé il y a plusieurs mois. Le Maroc a préféré attendre le moment propice pour le réaliser. En effet, le marché obligataire international est aujourd’hui caractérisé par une sur-liquidité et des taux d’intérêts relativement bas. Ce qui a poussé Jacques De Larosière de qualifier cette transaction « d’opération parfaite ». En fait, l’initiative de lancer un emprunt obligataire international, sans garantie de surcroît, est à double tranchant. Le pays qui s’y aventure s’expose au jugement des financiers internationaux. Le résultat a été, fort heureusement pour le Maroc, un franc succès. Même la prime de risque, de 215 points de base, est avantageuse comparée à des pays qui ont un rating supérieur au Maroc. C’est le cas de la Roumanie qui a lancé un emprunt obligataire international, la même semaine que celui du Maroc. Sa prime de risque a atteint les 265 points de base. « Des économies émergeantes comme celles de la Tunisie, de l’Egypte ou de l’Afrique du Sud, sont moins attrayantes que celle du Maroc », a souligné Nabil Menai, directeur des marchés des dettes à la Merrill Lynch. Dans des opérations similaires à celle réalisée par le Maroc, leurs primes de risque oscillent entre 265 et 275 points de base. En fait, cet emprunt est une belle opération de positionnement dans le marché obligataire et en matière d’attrait des investissements étrangers de manière générale. Il s’agit également d’un bon point politique.

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