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Oualladi : « Le scandale doit cesser »

ALM : En tant que président de l’OMDH, quel regard portez-vous sur le décès de Mohamed Lahmadi, après de longues années de maladie et de détention dans les camps de Tindouf ?
Abdellah Oualladi : Le décès de Mohamed Lahmadi en dit long sur le véritable scandale que les détenus marocains vivent dans les camps du polisario. Cette tragédie nous met devant une double responsabilité. A commencer par celle du polisario, qui se présente au monde comme étant la victime alors qu’il est en fait le seul responsable des abus en tous genres commiss dans les camps de Tindouf. Cette partie est doublement coupable. D’abord pour le traitement qu’elle inflige aux soldats marocains, dont la capture remonte à qu’on appelle la guerre des sables, et qui souffrent de pratiques inhumaines, qui vont bien entendu à l’encontre du droit international humanitaire qui s’applique aux prisonniers de guerre. Ensuite, pour la manière même dont des citoyens marocains, des civils, se sont retrouvés prisonniers, à travers les différents rapts, regroupements et transferts dans les camps de Tindouf, sans parler des conditions de détentions qu’ils subissent. Ce qui est une violation pure et simple des droits de l’Homme. Dans la première comme dans la seconde catégorie, le polisario est tenu de bien traiter, nourrir, protéger et prendre en charge médicalement ces prisonniers. Ce qui est loin d’être le cas. A cela s’ajoute l’obligation à laquelle le polisario est tenu, depuis des années, de libérer ces prisonniers. Au lieu de cela, il les laisse mourir à petit feu.
Quelle est l’autre responsabilité ?
L’autre responsabilité n’est autre que celle de l’Algérie, pays qui héberge, finance et arme le polisario tout en affichant une indifférence criminelle vis-à-vis d’une situation qu’Alger ne connaît que trop bien. A titre d’exemple, et en tant qu’association membre de la Fédération internationale des Droits de l’Homme, l’OMDH avait, à maintes reprises, entrepris des démarches auprès des autorités algériennes pour pouvoir se rendre à Tindouf et constater les conditions de détention des prisonniers marocains. Le niet algérien était catégorique. Même le droit de constater nous a été interdit.
L’Etat marocain fait-il à votre avis le nécessaire pour mettre fin à ce drame humain? Le Maroc, a-t-il une part de responsabilité ?
Evidemment, cette situation pose également la responsabilité de l’Etat marocain dans la masure où ce dernier n’a pas fait tout son possible, sur les plans politique et diplomatique, pour mettre fin à ce drame. La mobilisation marocaine doit être totale et permanente. La libération et le rapatriement des détenus marocains à Tindouf est une priorité. Il faut donc agir en conséquence et user de toutes les pressions possibles que ce soit sur l’Algérie, le polisario ou sur l’opinion publique internationale. La vie de tous ceux que le polisario garde en captivité en dépend. Nous avons déjà perdu beacoup de temps. Il faut faire tout pour que cesse, une fois pour toutes cette mascarade.
Une autre situation interpelle également par sa gravité, celle des anciens détenus marocains libérés et qui vivent, pour leur majorité, une situation de précarité pour le moins honteuse …
Il faut tout d’abord savoir que le seul organisme chargé de ces anciens détenus est le service des affaires sociales des Forces armées royales. Ce quasi-monopole ne laisse guère de marge de manoeuvre à d’autres acteurs désireux d’intervenir sur ce dossier. Et à chaque fois que la société civile essaye de participer à la prise en charge et l’assistance de ces anciens détenus, elle est confrontée à un refus total. Par conséquent, les affaires sociales des FAR sont le responsable direct ,et c’est à ce service d’assumer ses responsabilités.
Mais cet organisme ne doit en principe s’occuper que des militaires, moins lésés que les civils …
Si je ne me trompe, le service des affaires sociales des FAR est responsable de tous les anciens détenus rapatriés au Maroc, qu’ils soient militaires ou civils. Et c’est là le problème. L’Etat, au même titre que ce qui a été pour bien d’autres catégories, comme les anciens combattants, devrait envisager la création d’un organisme spécifique, indépendant, pour prendre en charge médicalement, psychologiquement et socialement les civils rapatriés. Le souci social est bel et bien présent. Preuve en est la présence même de ce service. Des efforts sont consentis, il faut le reconnaître, aussi bien de la part de la Défense nationale que de la part du ministère de l’Intérieur. Cela dit, ces efforts manquent de l’efficacité requise. Même vis-à-vis des militaires, les indemnités, et dans bien des cas, sont loin d’être à la hauteur du dommage subi dans les geôles de Tindouf, ne suffisent pas à mener une vie décente. Un système est à revoir.
Qu’en est-il du rôle du Conseil consultatif des droits de l’Ho-mme? Ne devrait-il pas, de par son statut et ses missions, s’intéresser à ce dossier ?
Le CCDH devrait en principe placer la question des anciens détenus de Tindouf en tête de ses priorités.
D’une part, de par la nature même de cette question, qui n’est autre qu’humaine. D’autre part, parce qu’il dispose d’une très large liberté d’initiative, y compris celle de saisir Sa Majesté le Roi de ce problème. Diwane Al Madalime a également un rôle à jouer pour répondre aux doléances de chacun de ces anciens détenus. Pour ce qui est des problèmes collectifs, et comme je vous l’ai dit, un organisme spécialisé reste à créer.

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