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Parlement : Une socialiste se dresse contre les islamistes

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ALM : Après ces altercations par presse interposée, l’on a l’impression que le PJD cherche à envahir « les espaces » occupés autrefois par l’USFP. Quelle est votre réponse ?
Fatima Belmoudden : Je ne peux prononcer aucun jugement à propos du fait que les gens du PJD tenteraient d’occuper la place de l’USFP, mais ce qui m’inquiète, c’est cette opacité qui caractérise leur politique. Je vous rappelle que je parle en mon propre nom. J’ai côtoyé ces gens au Parlement et j’ai constaté leurs comportements caméléonesques. Pour moi, ces comportements qui ne sont pas clairs sont le résultat de l’absence d’un programme ou d’une vision politique, peut-être qu’ils ont des programmes qu’ils gardent jalousement en secret. En tout cas, leurs positions ne sont pas transparentes et ils cherchent à adopter une attitude d’une réelle opposition, comme celle pratiquée par l’USFP, lorsque le parti assumait son rôle de vrai opposant. A une nuance près : les Usfpéistes incarnaient l’opposition et la pratiquaient contre tout ce qui était effectivement malsain et pourri. Or, de nos jours, ces gens pratiquent soi-disant l’opposition en plein processus de réformes authentiques et il ne s’agit pas d’une opposition dirigée contre la politique du gouvernement, mais seulement contre les ministres issus de l’USFP et leurs dossiers. Et même si le dossier, sujet de l’opposition, reste le même, l’opposition disparaît si le ministre ne fait pas partie de l’USFP, comme le dossier de l’emploi, celui de l’enseignement supérieur, etc.
L’agressivité dem- eure réservée exclusivement à l’USFP, au lieu de s’attaquer au programme du gouvernement dans sa globalité et de faire des propositions. Ceci se passe alors que le pays entier est dans une conjoncture particulière. C’est un grand chantier de réformes auquel tous les Marocains en principe sont appelés à participer.
Le différend qui a eu lieu est axé sur l’enseignement et sur votre réaction vis-à-vis de la grève du 7 et 8 décembre. Sur les colonnes d’Attajdid, il est écrit que c’est la réussite de la grève qui a provoqué votre colère. Est-ce que c’est vrai?
Moi je vous dis que ce sont les enseignants honnêtes qui se sont plaints, du manque flagrant de la discipline dans les comportements du corps enseignant, comme ils regrettent l’anarchie qui caractérise le comportement des syndicats. Ce qui est certain, c’est qu’il y a une exploitation de la situation de la part de ces gens. En plus, n’importe quelle centrale peut appeler à la grève pour que les enseignants suivent.
Les gens commencent à considérer les grèves comme une opportunité de vacances payées. Il va falloir revoir l’action syndicale, car le syndicat est censé participer activement à l’encadrement des masses. Nous sommes en plein chantier de réformes et il est certain que ce n’est pas une sinécure, notamment avec le contexte actuel du pays. Nous avons à titre d’exemple opté pour la généralisation de la scolarisation qui doit atteindre les régions les plus lointaines du Royaume. Il serait tout de même absurde de revenir en arrière et d’exiger qu’avant cette généralisation, le ministère devrait assurer des logements à tous les enseignants. Il faut bien qu’il y ait des sacrifices au profit de la noble mission dont sont chargés les enseignants. En plus, la situation du corps enseignant est bien meilleure qu’au passé, mais il n’y a plus aucune notion de sacrifice.
Que voulez-vous dire par sacrifice?
Ces gens qui font la grève, même si leurs revendications sont légitimes, il n’en demeure pas moins qu’ils cherchent à réduire leurs heures de travail, à prôner davantage de vacances et de ne plus fournir d’efforts quant à la préparation et la rénovation continues de leurs travaux au profit de l’intérêt général. Et si les choses continuent ainsi, l’école ne serait plus en mesure d’accomplir son rôle, elle risque même de se dégrader.
C’est pour ces raisons que vous en voulez à la politique d’opposition des gens du PJD ?
Je dis que ces gens, au lieu de jouer leur rôle comme une opposition qui détecte les dysfonctionnements et proposer des alternatives adéquates, ils exploitent cette vague de grèves, que n’importe qui peut organiser. Je répète que même si les revendications sont légitimes, il doit y avoir un minimum de compréhension et de considération de la conjoncture générale.
Il semblerait que c’est le début d’une « guerre » pour reprendre l’expression du journal Attajdid?
Personnellement, je ne suis en guerre contre aucun courant. Je constate seulement qu’il existe un courant qui se prétend opposant et qui ne fait qu’ouvrir un feu nourri sur un effort réformiste sans aucune évaluation sérieuse et objective. Ces gens doivent être clairs : s’opposent-ils à l’action gouvernementale ou est-ce qu’ils se contentent de mettre dans leur ligne de mire un courant unique ? Car ce qu’ils font actuellement n’est pas de l’opposition, puisqu’ils ne ratent aucune occasion de faire pleins d’éloges aux technocrates en fonction au sein du même gouvernement qu’ils sont censés critiquer. Je suis persuadée que ces gens s’opposent aux réformes des forces démocratiques.
J’ai même l’impression qu’ils ne veulent pas de « politiques » dans le gouvernement, car à chaque fois qu’un ministre issu d’un parti politique étale une quelconque vision, ils s’acharnent contre lui et contre son parti. La différence entre les démocrates et ces gens concerne le fond même de la transition démocratique, une transition qui doit se faire avec des forces politiques élues.

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