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Partis politiques : Adieu la valise

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Le remaniement de l’équipe Jettou a été assez mal perçu par bon nombre d’acteurs politiques et d’observateurs. En fait, il a montré au grand jour l’énorme faiblesse de certaines formations politiques marocaines. Ce remaniement admet une double lecture. D’une part, il consacre un retour en force des technocrates et d’autre part, une marginalisation flagrante des partis politiques.
En fait, pour illustrer cette double lecture, le cas du RNI est éloquent. En acceptant d’accréditer trois technocrates et leur octroyer l’étiquette du RNI, le parti d’Ahmed Osman s’est placé lui-même dans une situation très compliquée. La grogne des militants est totalement justifiée.
Puisque la conjoncture est favorable à la technocratie, il n’y a pas de mal d’user de métaphores purement économiques pour analyser une situation éminemment politique.
A quoi sert un parti politique, sinon à former d’éventuels responsables capables d’encadrer les populations et gérer la chose publique? En clair, un parti politique ressemble étroitement à une industrie. Son activité consiste à concevoir un projet politique, économique et social, ainsi qu’à former les personnes capables de le « commercialiser » auprès des populations, et ce via les élections. Une fois le choix des citoyens effectué, le parti doit être capable de mettre à la disposition de la communauté les hommes et les femmes dignes d’appliquer le projet en question.
Or, en important ses ministres en dehors des instances du parti, l’entreprise du RNI a prouvé son échec. Elle n’a pratiquement plus raison d’être. Car, en politique, la sous-traitance est catégoriquement interdite aux partis. Elle peut même leur être fatale. Ahmed Osman le sait aujourd’hui. Il n’est pas le seul. Abbas El Fassi a fait pratiquement les mêmes concessions que Osman, au moment de la composition du gouvernement Jettou I, puisqu’il a accepté d’accréditer des ministres comme Karim Ghellab, Adil Douiri et à moindre mesure Taoufiq Hjira. Mais l’insurrection au sein de l’Istiqlal a été rapidement contenue, compte tenu du profil des ministres choisis.
Le militantisme a toujours été l’unique moyen de construire un parti politique fort et respectable. Le militantisme est un long chemin où l’intérêt individuel des membres du parti est complètement effacé. D’où l’urgence de mettre en place une loi sur la création, l’organisation et la gestion des partis politiques. Les règles doivent être claires pour tout le monde.
Aujourd’hui, la situation politique du Maroc est affreusement floue. En proposant des ministres sans couleur partisane, Driss Jettou montre l’estime dans laquelle il tient les partis politiques. Son cabinet se retrouve avec un grand nombre de technocrates.
L’approche de Jettou n’est pas de nature à réhabiliter l’action politique et à redorer le blason d’une classe politique de plus en plus dépassée. Car ce sont les formations politiques qui sont visées par cette nouvelle approche. A ce sujet, certains observateurs soutiennent que le Maroc a besoin de partis politiques forts. Pour cela il faut adopter d’urgence la loi sur les partis. L’action politique, pour eux, est toujours bénéfique, quitte à ce qu’elle soit politicienne. C’est le prix à payer pour instaurer la démocratie. Par contre, les tenants de la théorie contraire justifient la marginalisation systématique des partis politiques. Ils pensent que le pays a énormément de chantiers urgents et de rendez-vous importants. Le temps presse. Nous ne pouvons nous payer le luxe d’attendre que les partis politiques soient entièrement mûrs.
Certes, le rythme des réformes est freiné par les partis politiques, mais l’Etat ne fait rien pour corriger cela. En faisant appel aux technocrates, il aggrave les choses. En d’autres termes, pourquoi conserve-t-on les partis politiques puisqu’ils sont des tares. Pour le bien de l’économie nationale, faut-il délester l’action politique des partis politiques, au risque de remettre en cause le processus démocratique ?

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