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Pas de démocratie sans une justice indépendante

© D.R

ALM : Dans le projet de société formulé par S.M le Roi dans le discours du trône, quelle place prend la justice ?
Khalid Naciri : La justice prend une position centrale dans le dispositif de la nouvelle construction de projet de société démocratique, moderne et tolérante. L’objectif est d’édifier la société de droit qui repose sur la primauté du droit. Il est évident que le dispositif judiciaire est au centre de la nouvelle construction. Un rôle central. L’Etat se conforme à la primauté du droit. Notre appareil judiciaire souffre encore de plusieurs dysfonctionnements.
On parle de réforme, depuis des années. Il y a eu quelques progrès, mais le mal est encore bien enraciné. Que faut-il faire pour doter le Maroc d’une justice indépendante et efficace ?
La question est fondamentale. Une justice indépendante et efficace. Je dirai aussi que la justice doit être aussi crédible. Trois critères fondamentaux. L’indépendance, l’efficacité et la crédibilité. Sans les trois critères, la justice ne remplira pas son rôle. Il faut dire que la question de l’indépendance de l’appareil judiciaire a été mise entre parenthèses très longtemps par l’Etat. Aujourd’hui, il y a une volonté de l’Etat de réformer le système dans le sens de l’indépendance. Il faut continuer. Il faut que la justice soit efficace. Il faut que les citoyens sentent que la justice est de leur côté. Il faut que les jugements soient rendus sur la base des critères bien définis, loin de toute influence morale, politique ou financière. Les décisions de la justice doivent être souveraines et rapides. Le problème de la justice marocaine ces dernières années est qu’il y a un grand nombre de jugements qui attendent toujours l’exécution. Cela porte préjudice à l’image de la justice, elle-même, et de toute la société. Les jugements doivent être exécutés rapidement. De la sorte, les citoyens vont sentir que la justice les défend et qu’il n’y a pas d’influence, quelle qu’elle soit. Des efforts ont été déployés ces trois ou quatre ans derniers, mais il faut dire qu’il reste beaucoup de choses à faire.
A propos de la corruption ?
Il y a de la corruption dans l’appareil judiciaire marocain. Je ne dirai jamais que tous les juges sont des corrompus, ce serait une diffamation injuste et injustifiée. Mais il existe des juges corrompus. Il y a de la corruption. Et lorsqu’il y a de la corruption, la crédibilité, l’indépendance et l’efficacité deviennent un vain vocabulaire. Et le citoyen n’a plus confiance dans la justice de son pays. Cet état de choses nuit à l’appareil de la justice et à l’image du pays. La réforme de la justice doit prendre en compte tous ces problèmes qui entravent sa bonne marche.
Peut-on concevoir une démocratie avec une justice boiteuse sans moyens financier et humain ?
Non. Catégoriquement non. Un Etat de droit doit se reposer une justice de droit forte, indépendante, crédible et efficace. Il n’y a pas de démocratie et de société démocrate sans une justice indépendante, crédible et efficace. Il y a des efforts dans ce sens. Il faut continuer.

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