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Pharmaciens : Faillite sur ordonnance

© D.R

Les pharmaciens sont en colère. Ils menacent même de faire grève si leurs doléances ne sont pas écoutées et prises en compte. Ce lundi matin, une délégation menée par le président de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc rencontrera le ministre de la Santé, Mohamed Cheïkh Biadillah. Et c’est en fonction des conclusions de cette réunion que la décision de maintenir la grève du 2 et 9 juillet prochains doit être prise. Mais qu’est ce qui motive ce mouvement de grogne chez les pharmaciens ? Un projet de loi relatif au code de la pharmacie, préparé par le département de tutelle et qui doit être discuté prochainement en conseil de gouvernement. Il viendrait réguler une profession jusque-là régie par un dahir de 1967. Mais au sein même de ce corps professionnel, les positions ne sont pas les mêmes.
L’Ordre des pharmaciens considère que «le projet de code de pharmacie est satisfaisant dans sa globalité, avec toutefois quelques réserves concernant certains articles», comme le précise son communiqué du 25 juin. Ce même code a par ailleurs été très critiqué par la fédération des syndicats. « Cela fait des décennies que nous attendons la préparation d’un projet de loi qui organiserait la profession. Une première tentative a eu lieu en 1985, mais le ministre de l’époque n’a pas jugé utile de la mener jusqu’au bout. Un second texte a été préparé en 1994, mais il n’a pas abouti non plus. Actuellement, après une longue attente, on nous sort un texte qui ne répond à aucune de nos attentes », explique un responsable de la fédération des syndicats. Cette instance estime en effet que pas moins de 45 articles de ce nouveau texte doivent être revus en totalité. La plupart sont relatifs à l’organisation de la profession. Les pharmaciens demandent une définition plus précise du médicament, c’est-à-dire une classification plus nette des produits qui ne peuvent être vendus qu’en pharmacie. Tous les produits para-pharmaceutiques sont concernés, à commencer par les complexes multivitaminés pour arriver aux produits de beauté. Les syndicats des pharmaciens demandent également une plus grande sévérité dans le respect des règles de chaînage (nombre de mètres à respecter entre deux officines qui est au minimum de 300m). Autres dispositions très critiquées par les pharmaciens, celles relatives aux pharmacies internes dans les cliniques et autres centres de soins. Les professionnels estiment que seul un pharmacien doit être habilité à vendre des médicaments. Le système d’approvisionnement des différentes officines marocaines a été totalement revu par le nouveau code.
Ce dernier annule tout approvisionnement direct des pharmaciens auprès des laboratoires pharmaceutiques. Le nouveau texte les oblige à passer par un grossiste.
Mais les pharmaciens dénoncent plus particulièrement les sanctions pénales prévues par le nouveau code de la pharmacie. «c’est un texte qui non seulement est inapproprié aux conditions actuelles de la profession et qui a tardé à venir, mais en plus il sanctionne le moindre manquement par poursuites judiciaires», s’insurge un responsable du syndicat d’El Jadida. En effet, une dizaine d’articles du nouveau code prévoient des sanctions pénales à l’encontre des pharmaciens en cas de non-respect des dispositions du code.
«Imaginez qu’un pharmacien risque un an de prison s’il ne reçoit pas correctement un inspecteur du ministère de la Santé?», continue le syndicaliste. Ces revendications, les syndicats des pharmaciens n’ont cessé de les crier haut et fort. Ils ont contacté les différents départements ministériels concernés. N’ayant reçu aucun feed-back, les pharmaciens ont décidé de passer à la vitesse supérieure. L’ensemble de leurs syndicats, réunis au sein d’une fédération nationale, ont en effet tenu une réunion jeudi dernier et ont décidé de faire grève les 2 et 9 juillet prochains.
Le sort de cette grève reste suspendu aux conclusions de la réunion des syndicats avec le ministre de la Santé. En attendant, les 7.000 pharmacies que compte le Maroc vivent dans des conditions qui sont tout à fait différentes de celles d’il y a dix ans. Si de 1997 à nos jours , leur nombre a pratiquement doublé (de 3600 à 7000), le chiffre d’affaires global n’a pas évolué d’un pouce. Il est toujours de l’ordre de 450 millions de dirhams. Même la consommation en médicaments par habitant n’a pas changé (près de 200 dh). Résultats : près de 30 % des officines sont sur le point de faire faillite selon les instances syndicales des professionnels. Alarmant.

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