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Plus de 400 médicaments sont concernés : La baisse des prix sera effective dès décembre 2012

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Chose promise, chose due. La baisse des prix des médicaments sera effective dans quelques mois conformément à un nouvel arrêté qui fixera les prix. Contacté par ALM, Dr Omar Bouazza, directeur des médicaments et de la pharmacie au ministère de la santé, affirme que «cette baisse qui concerne plus de 400 médicaments sera effective à partir du 1er décembre 2012». Notons que cette baisse ne sera applicable qu’après l’épuisement du stock de sécurité des laboratoires. «Les industriels disposent ainsi d’un délai de 3 mois pour épuiser leur stock. Ils ont été priés de réajuster leurs tarifs. Ils devront ainsi procéder à un nouvel étiquetage mentionnant le prix révisé des médicaments ciblés». Quant à la marge de baisse, celle-ci oscille entre 20 et 60% comme le confirme Dr Bouazza. «Les prix des médicaments concernés vont baisser en moyenne de 20%. Cela dit, pour certains médicaments, cette baisse atteindra les 60%». Tel est l’objectif de l’accord entre le ministère de la santé et les laboratoires pharmaceutiques portant sur la baisse du prix des médicaments. A ce sujet, Dr Bouazza tient à préciser que «le ministère de la santé a demandé une baisse des prix des médicaments à partir des constats énumérés dans le rapport de la commission parlementaire et le rapport BCG qui ont révélé plusieurs  anomalies». Ce dernier reconnaît que les prix de certains médicaments sont anormalement élevés et n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque révision, alors qu’ils ont été révisés à la baisse au niveau international. L’autre véritable problème est l’arrêté N°465-69 du 19/09/1969 qui fixe le prix des médicaments (voir encadré p 5). Cet arrêté, devenu obsolète, cédera la place à un nouvel arrêté sur les modalités de fixation des prix qui, selon Dr Bouazza, sera finalisé avant la fin de l’année. En attendant, les réunions entre les industriels et le ministère de la santé se poursuivent. Lors d’une réunion tenue le mercredi 11 juillet 2012 en présence de Dr Bouazza, Abdelghani El Guermai, président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP), Mohamed Houbachi, président de l’Association marocaine  des médicaments génériques (AMMG) et Didier Perilleux, vice-président du MIS (Maroc Innovation santé), il a été convenu de baisser les prix des médicaments selon des modalités bien définies. Pour les spécialités pharmaceutiques (DCI) actuellement commercialisées, il a été décidé que les prix fabricant hors taxe (PFHT), des princeps seront calculés sur la base du prix moyen du benchmark des pays de référence retenus, à savoir l’Arabie Saoudite, la Belgique, l’Espagne, la France, la Turquie, le Portugal ainsi que le pays d’origine. Les parties signataires de l’accord se sont engagées à ce que «le PFHT qui sera appliqué soit le plus bas des PFHT obtenu entre le PFHT moyen dans les pays de référence retenus et le PFHT actuellement en vigueur au Maroc», peut-on lire dans le procès verbal de la réunion. Pour les génériques, le PFHT ne devra pas être supérieur au PFHT de la spécialité princeps de la même DCI. A noter que les prix des génériques actuels ne dépassant pas le prix de référence seront conservés. S’agissant des DCI qui feront l’objet d’un nouvel enregistrement, l’accord prévoit que pour tout princeps nouvellement introduit sur le marché, le PFHT retenu au Maroc sera aligné sur le PFHT minimum dans les pays de référence retenus. Pour ce qui est des prix des génériques, ils seront déterminés par décrochage des prix d’introduction des princeps de même DCI (voir tableau p 5). Cet accord sur la baisse des prix des médicaments ne sera pas sans conséquence pour les  pharmaciens d’officine. Une mesure qui risque de  léser la profession laquelle est en pleine crise. Sur les 12.000 pharmacies que compte le Royaume, près de 4.000 seraient déjà  en faillite.

Les parlementaires créent la polémique autour des prix des médicaments
En 2009, une commission parlementaire a ouvert le débat sur la cherté des prix de médicaments au Maroc. En publiant un rapport sur la situation des prix des médicaments, des anomalies et dysfonctionnements ont surgi. Parmi les principales conclusions de ce rapport, la commission a relevé que les prix au Maroc des médicaments de marque par rapport à d’autres pays sont généralement plus élevés oscillant de 30 à 189 % par rapport à la Tunisie et de 20 à70 % par rapport à la France.
De même, les différences de prix au Maroc d’un même médicament sous différentes marques peuvent atteindre 600 %. Par ailleurs, les différences de prix d’un même médicament et de la même marque peuvent dépasser 300 % selon l’endroit où le médicament est acheté.
C’est dans ce sens que la commission parlementaire a appelé pour la fixation des prix des médicaments à la création d’une instance qui en plus du ministère de la santé intègre les organismes d’assurance maladie, les Ordres professionnels ainsi que le Conseil de la concurrence.
Outre de rompre avec la procédure adoptée, dès lors pour la fixation des prix, la commission souligne également que les taux de remboursement par l’AMO doivent être revus de sorte à encourager les médicaments les moins chers.

Le secteur pharmaceutique dans l’économie marocaine
Le marché pharmaceutique au Maroc compte la présence de près de 35 sites de production. Bien que la production nationale permette de couvrir 65% des besoins locaux en médicament, le Maroc importe 35% de la demande. Toutefois, l’export reste un axe stratégique à consolider. En effet, le secteur exporte en moyenne 8 à 10% de sa production vers des pays européens, arabes, asiatiques et africains. L’industrie pharmaceutique marocaine est un vecteur de croissance. Le savoir-faire marocain en la matière est reconnu mondialement. Plusieurs facteurs s’y mêlent. Notons dans ce sens la qualité des compétences qui existent sur le terrain ainsi que la technicité déployée. A fin 2011, le secteur a enregistré un chiffre d’affaires global de 8,3 milliards de dirhams, réalisant ainsi 40.000 emplois directs et indirects. Le Maroc compte pour la même année près de 12.000 pharmacies.
Le nombre d’unités produites s’élève pour sa part à 293 millions au moment où la consommation est estimée, annuellement, à 400 dirhams par habitant.

D’importantes baisses des prix observées en 2011
Une réduction des prix de certaines spécialités pharmaceutiques a été constatée en 2011. Cela a concerné quatre listes de médicaments, soit un total avoisinant les 400 médicaments. Selon un bilan primaire établi par les pharmaciens, en cette période, on note des baisses atteignant même les 57%. Ces réductions ont concerné principalement les anticancéreux, l’hépatite, le cardio-vasculaire, les insulines, les anti-infectieux, les antibiotiques, les antiulcéreux, les médicaments de contraste et ceux destinés à l’ostéoporose. Une seconde liste a porté pour sa part sur les vaccins et les antiviraux dont la baisse pouvait atteindre les 87%.
S’agissant des médicaments cardio-vasculaires, 40 remèdes ont vu leur prix fléchir de 8 à 69%. De même, 6 médicaments du système respiratoire ont connu des baisses variant entre 31 et 58%. Pour 2011, les prix de 44 médicaments des voies digestives et métabolisme ont connu des baisses allant de 10 à 62% au moment où ceux du système nerveux (16 médicaments) ont baissé de 15 à 25%. Notons que la réduction des prix reste faible quant aux hormones systémiques et sexuelles (1 médicament à 11 %), de dermatologie (2 médicaments à 25 %) et les muscles et squelettes (2 médicaments à 5 et 27 %).

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