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Polémique sur la pauvreté : le HCP sort ses arguments

Quelques jours après les accusations du département de Taïeb Fassi Fihri suite au nouveau rapport du PNUD sur la pauvreté dans le monde, le Haut Commissariat au Plan (HCP) sort de son mutisme. Lors d’une rencontre organisée mercredi 25 août à Casablanca, Ahmed Lahlimi, haut commissaire au Plan, a livré les détails de ses travaux sur la question en pointant du doigt les limites de l’indice de pauvreté multidimensionnel (MPI) créé par le Centre de recherche économique pour le développement international (OPHI) de l’université d’Oxford pour le compte du PNUD. M. Lahlimi a d’ailleurs adressé une lettre à la directrice de l’OPHI, Sabina Alkire. Dans cette lettre, le haut commissaire au Plan a notifié les insuffisances du travail scientifique de Mme Alkire et a exprimé sa disposition à fournir toutes les statistiques nécessaires pour la production d’indices actualisés. Ce nouvel indice qui repose sur 10 indicateurs (voir tableau) fait grimper le taux de pauvreté à 28% contre 9% selon l’enquête du HCP sur le niveau du vie des ménages de 2007. Pour le HCP, l’approche multidimensionnelle MPI d’Oxford présente plusieurs insuffisances. Les dimensions retenues dans le calcul du MPI ne couvrent pas toutes les priorités socio-économiques dont celles qui développent la capacité des individus à s’auto-protéger eux-mêmes de la pauvreté. Cet indice exclut les indicateurs d’apport qui mesurent la capacité des populations à se prendre en charge. C’est le cas des facteurs de revenu tels que l’emploi, la couverture sociale ou encore l’accès au réseau routier et aux moyens de financement. Par ailleurs, les variables sur lesquelles se fonde la mesure du MPI deviennent problématiques lorsqu’on inscrit la pauvreté dans une approche dynamique. Autrement dit, elles sont définies et subjectivement pondérées de manière à ce que tout état sanitaire, nutritionnel ou scolaire, déficitaire d’un membre du ménage augmente le risque de pauvreté des autres membres.Ainsi, à titre d’exemple, tous les membres d’un ménage sont classés pauvres si l’un d’entre eux souffrant de malnutrition quitte le système scolaire avant l’âge de 14 ans. Le HCP reproche le fait que l’approche élaborée par le OPHI a pris pour périodes de référence des données qui vont de 2000 à 2008 et rendent infondé le classement des pays selon le MPI. Les années de référence des enquêtes différent d’un pays à l’autre et ne permettent pas de classer les pays selon le niveau de cet indice. Le classement établi compare le Maroc de 2004 à l’Egypte de 2008 et à la Jordanie de 2007. Par conséquent tous les efforts déployés par le Maroc, entre 2004 et 2008 en matière de développement humain, économique et social ainsi que les statistiques récentes n’ont pas été pris en considération car la dernière enquête DHS date de 2004. Concernant la disponibilité des données, les chercheurs de l’OPHI ont analysé les données de 104 pays représentant 78% de la population mondiale. Le HCP note que seulement 61 pays ont des données sur les 10 indicateurs utilisés. Pour les autres pays, les indicateurs manquants ont été remplacés par les bornes, inférieure ou supérieure, des variables ou de leurs proxys. L’approche de l’OPHI appliquée aux données des enquêtes marocaines montre que la pauvreté a diminué 28,5% en 2004 à 11,1% en 2007. Selon l’approche multidimensionnelle du HCP, la pauvreté a baissé de 23,9% en 2001 à 12,1% en 2007. Ce qui montre que la baisse de la pauvreté est confirmée par les deux approches. Cela dit, l’approche de l’OPHI ne reflète pas le niveau actuel de la pauvreté au Maroc car l’organisation a utilisé les données de 2004 et non celles de 2007. Mesurée par l’approche monétaire selon le seuil national (2,15 $ US PPA), la pauvreté a aussi diminué de 15,3% en 2001 à 8,9% en 2007. Ces tendances montrent que l’usage de données de 2007 aurait ramené le classement du Maroc du 56e au 41e rang. Le HCP estime que l’approche de pauvreté par l’OPHI ne peut servir au classement des pays en développement avant qu’elle ne se fonde sur la même période de référence et fasse l’objet d’un débat au sein de la commission de statistique relevant de l’ECOSOC, seul organe des Nations Unies habilité à se prononcer en matière de données et de méthodologie statistique.

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