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Pourquoi Ayouch courtise les islamistes

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La dernière sortie médiatique de Noureddine Ayouch, homme d’affaires et président de l’association Zakoura pour le microcrédit, a choqué plusieurs de ses amis, notamment les membres du Collectif Démocratie et Modernité, une plate-forme informelle connue pour son opposition au fondamentalisme et à toutes les thèses islamistes. En effet, Noureddine Ayouch a octroyé, le 24 août dernier, une interview au journal Attajdid, organe de presse proche du Parti de la Justice et du Développement (PJD), dans laquelle il a dit tout le mal qu’il pense des laïcistes et tout le respect qu’il voue aux courants islamistes et surtout le parti du Dr. Saâd Eddine Othmani.
"Je pense que le fait de se diriger vers l’athéisme, c’est faire preuve d’une grande idiotie et d’une ignorance totale de l’histoire du Maroc et ses fondements culturels. Je m’étonne que cette tendance soit justement défendue par des personnes censées être représentatives de la culture marocaine, comme des professeurs universitaires et des intellectuels qui appellent à la disparition des références religieuses et à la dissolution du PJD. Leur discours est extrêmement dangereux et je ne respecte pas du tout leur avis". Et d’ajouter : "Il y a certaines personnes au sein du Collectif Démocratie et Modernité qui refusent de traiter avec les islamistes. C’est une grave erreur. Il est temps de redéfinir la notion de laïcité et reconnaître le rôle de la religion, sinon nous nous dirigerons vers une véritable catastrophe".
Ces propos, qualifiés de "politiquement opportunistes", montrent à quel point la cote de popularité du PJD s’est accrue ces derniers mois, essentiellement après les dernières élections législatives et la circulation de rumeurs selon lesquelles le seul parti islamiste du Maroc pourrait aisément être appelé à former, aux côtés d’autres formations, le prochain gouvernement.
Dans cette perspective, beaucoup de choses risquent, en théorie de changer. Il est donc nécessaire pour certains de prendre d’ores et déjà position. Justement, pour ce qui est d’une éventuelle participation du PJD au gouvernement, Noureddine Ayouch a un avis clair qu’il a formulé dans la fameuse interview du 24 août : "je suis convaincu qu’il est temps pour toutes les composantes de reconnaître que le PJD dispose de grandes compétences et par conséquent accepter de travailler à ses côtés en formant un gouvernement solide". En abordant la question de l’ouverture d’un véritable dialogue entre les courants laïcs d’une part et les islamistes d’une autre, Noureddine Ayouch s’en donne à cœur joie : "ce que je remarque c’est que les initiatives dans ce sens sont très peu nombreuses, pour ne pas dire inexistantes, excepté chez le PJD qui a fait preuve, ces derniers temps, d’une volonté indéniable de communication et de dialogue".
A une question relative à la nudité dans les plages marocaines et à la consommation de l’alcool (deux sujets qui tiennent énormément à cœur des islamistes), le patron de la société de communication Shem’s n’a absolument pas déçu son interlocuteur. En effet, Noureddine Ayouch pense que "cette question doit être résolue en prenant comme point de départ la liberté, mais sans provocation des sentiments des citoyens. En ce sens que ma liberté ne signifie pas que je dois porter atteinte aux choix des gens, à leurs croyances et à leurs valeurs communes. Je n’appelle pas à l’interdiction de l’alcool, mais je suis contre sa consommation en plein public, en provocation des sentiments des citoyens qui appartiennent à cette religion. La société ne sera pas dérangée si une personne boit de l’alcool dans un restaurant, à l’abri des regards. Mais il est intolérable que cela soit fait au beau milieu de la rue".Noureddine Ayouch ne tarit pas d’éloge à l’égard du PJD. Quand il fut interrogé sur le rôle des jeunes en politique, le président de la fondation Zakoura, a rappelé que le "Collectif démocratie et modernité pense mettre en place un programme de communication entre les partis politiques, le tissu associatif et les jeunes qui ont perdu toute confiance dans la chose politique, ce qui est catastrophique. Sincèrement, je dis que le PJD est le seul parti capable de mener à bien cette mission et c’est pour cette raison que je le respecte".

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