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Pouvoir d’achat : la stabilité menacée

© D.R

Pris au piège de l’enchérissement, à plusieurs reprises, des coûts des carburants à l’international, le gouvernement de Driss Jettou s’attend à une semaine de protestation contre la vie chère. Le pouvoir d’achat des Marocains a pris un coup dur sans parler d’une conjoncture assez spéciale qui fait presque coïncider rentrée scolaire et mois de Ramadan. A l’appel de plusieurs composantes de la société civile, mais aussi de partis de la gauche radicale, la semaine du 2 au 8 octobre sera placée sous le signe d’une série de manifestations contre la vie chère. Les dernières hausses des prix des carburants à la pompe, mais aussi celles des prix du sucre, ont fini par assombrir le tableau.
Les centrales syndicales s’étaient, pour leur part, limité à la publication de communiqués refusant les dernières hausses et appelant au retour à des prix plus raisonnables qui ne grèveraient pas le pouvoir d’achat des citoyens déjà mis à mal.
Récemment, avec la baisse des prix du pétrole, les ONG reviennent à la charge pour demander au gouvernement d’avoir le "courage" de tenir ses promesses au moment où il avait décidé de passer à l’indexation. Driss Jettou, conscient des éventuelles répercussions de manifestations qui n’en finissent pas, a anticipé le coup en conviant les centrales syndicales qui comptent au Maroc à la reprise du dialogue. Samedi dernier, c’était le début de ces rounds de concertation avec l’UMT et la CDT. L’UGTM et la FDT ont été reçues lundi dernier alors que l’UNTM a pu s’entretenir avec le Premier ministre mardi 26 septembre. Les patrons de ces cinq syndicats, d’après différentes déclarations, auraient signifié au chef de l’exécutif leur refus des hausses des tarifs décidées pendant l’été. Comme si les centrales syndicales s’étaient mises d’accord, leurs patrons ont tous évoqué la nécessité d’augmenter les salaires et revoir, à la baisse, l’impôt général sur le revenu (IGR). Cette dernière revendication paraît un peu étrange pour la simple raison que les catégories les plus vulnérables, soit l’écrasante majorité, ne sont pas concernées par cet impôt. Le Premier ministre, après avoir écouté les remarques et "remontrances" des syndicats, a fait une série de promesses concernant plusieurs domaines.
Driss Jettou a surtout tenu à "éclairer" ses interlocuteurs sur la réalité des contraintes qui pèsent sur le budget de l’Etat : une rubrique «dette extérieure» à laquelle il n’est pas question de toucher, le budget de fonctionnement de l’Etat qui ne peut être réduit et finalement le budget d’investissement, seule "rubrique" où l’Etat pourrait puiser pour soutenir une compensation à outrance. Ce qui est encore inimaginable et contradictoire, aurait affirmé le Premier ministre, avec les orientations du gouvernement et du pays en général. Driss Jettou va encore plus loin pour brandir une sorte de menace "fantôme" : si rien n’est fait, la compensation pourrait encore peser sur le budget de l’Etat et demander l’équivalent de 19 milliards de dirhams rien qu’en 2007.
Toutefois, une autre question revient sur toutes les langues : le gouvernement déciderait-il une nouvelle indexation si les prix du baril continuaient à baisser à des taux dépassant 2,5 % ? Rachid Talbi Alami, ministre des Affaires économiques et générales, affirme que la chose est envisageable. En attendant, Driss Jettou a plutôt réussi à "calmer" son monde et notamment les syndicats proches, pour la plupart, à des partis de sa majorité. Alors que personne ne saura présager de ce qui pourrait résulter d’une semaine de colère.
D’autres dossiers attendent le gouvernement en 2007. Et pas des moindres puisqu’il s’agit de la réforme des régimes de retraite, de dépasser les difficultés de la mise en place de l’AMO, des fonctionnaires de l’Etat exclus des promotions de 2003, 2004 et 2005 et un autre dossier non moins épineux : les employés des collectivités locales qui n’ont même pas droit à un mi-SMIG.
A près d’un an des élections, le gouvernement est assailli de toutes parts. Driss Jettou reprend la série des rencontres avec les centrales syndicales dans moins de deux semaines.
Il reste toutefois que d’autres syndicats promettent une escalade. C’est le cas de petites entités qui s’estiment lésées pour ne pas avoir été conviées par Driss Jettou.

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