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Prédominance de la tendance intégriste

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ALM: Considérez-vous le PJD comme un parti politique ou comme une mouvance radicale extrémiste?
Abdelali Benamour : Globalement, je peux dire que la tendance du PJD va plutôt vers un mouvement islamiste radical extrémiste. Dès le départ, l’association Attawhid Wal Islah a été encouragée par les pouvoirs publics, notamment l’ancien ministre de l’Intérieur, Driss Basri, qui voulait la présenter comme une organisation modérée. Cette tendance a continué avec la naissance du PJD qui se voulait être démocrate à l’image du parti chrétien démocrate en Allemagne. Mais ce dernier est réellement démocrate. En revanche, au PJD, la tendance intégriste l’a emporté. Je ne veux pas dire que le PJD a été derrière quoi que ce soit, mais par ses idées il a incité les gens à aller vers une direction donnée.
Comment qualifiez-vous l’attitude du PJD, aujourd’hui?
A l’intérieur du PJD, il y a deux tendances. La première est majoritaire. Elle a une vision islamiste des choses. La deuxième, minoritaire, souhaite, par contre, construire un parti musulman démocrate, chose que personnellement j’applaudirais. Quant au repli que le PJD observe aujourd’hui, je pense qu’il s’inscrit dans une tactique. Ce n’est pas un repli stratégique. La majorité du PJD veut toujours imposer l’instauration d’un Etat islamiste. Certes, le Maroc est un pays dont les valeurs sont musulmanes. Tout le monde est d’accord sur ce point. Ce n’est pas le cas des normes. Les islamistes veulent imposer leur propre interprétation des valeurs de l’islam.
Quelle différence faites-vous entre les normes et les valeurs?
Je vous donnerais un exemple simple. Je dis toujours aux islamistes que les règles de la démocratie imposent le respect de l’alternance politique. Si les islamistes sont au pouvoir, ils peuvent aisément faire adopter une loi qui interdit la consommation et la commercialisation de l’alcool. Mais s’ils ne sont pas au pouvoir, ils doivent comprendre que des partis politiques considèrent l’alcool comme un des éléments du tourisme par exemple. En fait, le parti musulman démocrate est celui qui privilégie le conseil (Al Waâdh Wal Irchad) et non pas l’obligation.
Est-il possible d’avoir un parti musulman démocrate au Maroc?
Absolument. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que nous sommes tous musulmans et que, par conséquent, il n y a pas de place à un parti dit musulman. Moi je vais en profondeur. Etant moi-même démocrate, je ne peux plaider pour l’intolérance. La marge politique est vaste. Un parti musulman démocrate je l’entends comme un parti conservateur, mais tolérant. Toutefois, des garde-fous doivent être prévues pour éviter tout dérapage. C’est pour cela que les pouvoirs sécuritaires nationaux, internes et externes, doivent rester entre les mains du Souverain. En outre, tous les garde-fous doivent être tracés uniquement par la loi. Ces garanties ne doivent pas signifier abus et atteintes aux droits de l’homme. C’est ce qui s’est passé en France avec le Front National. Le Parlement a adopté une série de lois qui incriminent par exemple l’incitation à la haine ou à la violence. Ce que je suis en train de vous dire c’est du Waâd wal Irchad au profit des islamistes. C’est de cette manière qu’il réussiront à intégrer le jeu démocratique.
Pensez-vous que les attentats du 16 mai vont affecter les résultats du PJD dans les prochaines élections communales?
Oui, bien sûr. En fait, il y a plusieurs facteurs qui expliqueront ce recul plus ou moins important. D’abord, le PJD, lui-même ne s’est pas présenté dans toutes les circonscriptions. C’est une décision tactique comme je l’ai dit. En outre, le système électoral, qui impose l’instauration de plusieurs alliances entre les partis politiques, fera que le PJD sera encore plus marginalisé. Enfin, le 16 mai aura également certainement des effets sur la popularité du PJD.

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