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Public : de la passion à dérive

Le public, pourtant absent le plus clair du temps, aura pesé de tout son poids au cours de cette 24e édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Déchaîné lors du quart de finale Maroc-Algérie, il fut décisif en demi-finale quand le pays organisateur était au plus mal face à l’équipe nigériane. Mais d’une manière générale, la louable passion du football s’est souvent muée en dérive dans les tribunes. En finale, les supporters tunisiens ont fondu sur leur proie avant les Aigles.
Quand à la 52e minute, le tir tendu du latéral Clayton rebondit sur l’avant bras de l’irréprochable Fouahmi, ouvrant les buts à Ziad Jaziri, alors, dans les tribunes, commença un autre match. Plus de 60 000 supporters, acquis à la cause des Aigles de Carthage, criant, à tout poumons, ajoutèrent du surnombre pour leur équipe. Le siège de Carthage aura tenu bon, pendant trente-cinq minutes sur le rectangle vert. Dans les tribunes et les abords du terrain, c’était une autre histoire.
Remake d’un Maroc-Algérie où des supporters fanatisés ont saccagé le stade de Sfax ? Peut-être mais avec, en moins, dans ce match de la finale, les incroyables scènes de jeunes arrachant des sièges et provoquant les forces de l’ordre, les débris pleuvant sur le terrain.
C’était dans le stade de Sfax, le temps d’un quart de finale dont le dénouement s’est aussi corsé par deux amendes d’un montant total de 33 652 dollars, infligées à la Fédération algérienne de Football. Une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur ce problème a par ailleurs été constituée. Elle aura à charge notamment de déterminer le degré de responsabilité de la Fédération Algérienne de football qui avait refusé de déplacer le match Maroc-Tunisie de Sfax à Tunis.
Bref. Dans le stade Radès, on n’a pas eu à déplorer une telle violence. Mais beaucoup d’observateurs regrettent l’attitude de ces supporters tunisiens, n’hésitant pas à siffler les hymnes nationaux des équipes adverses. Le milieu de terrain de Santander (première division espagnole), Mehdi Nafiti, avait par ailleurs regretté que l’hymne nigérian ait été sifflé. « Ce n’est pas de mon goût de siffler l’hymne adverse, a-t-il déclaré. Ce que je peux demander, pour la finale, c’est de ne pas le siffler. Je pense qu’il y a d’autres moyens pour impressionner l’adversaire. »
De son côté, l’entraîneur du Sénégal, le français Guy Stephan, l’a dit tout haut après le match qui a vu l’élimination des lions de la Teranga, en parlant de «l’éducation des ramasseurs de la balle». Jugement d’un mauvais perdant ? Peut-être.
En tout cas, à six minutes de la fin de la partie, l’encadrement marocain s’est, à son tour, converti en ramasseurs de balles. Des balles souvent larguées en touche et retardées par 60.000 spectateurs en fusion. Mais peut-on reprocher de tels écarts à un public qui tient enfin sa coupe, après l’avoir bue jusqu’à la lie il y a dix ans, en 1994, et plusieurs fois auparavant ?

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