Comme son nom l’indique, la corruption est un corps qui fait irruption. Quand il atteint la tête politique, il devient incurable. Jamais dans l’histoire du Maroc, le nombre de députés changeant de partis politiques n’a atteint le degré de celui observé au cours du mandat du Parlement actuel. La transhumance bat tous les records. Et pour cause ! Quand un ministre de l’Intérieur, chargé du contrôle directe des élections, annonce publiquement et devant les caméras de télévision et les journalistes marocains et étrangers que les élections étaient entachées d’irrégularités et que des candidats ont procédé à la corruption des électeurs pour arriver à la Chambre des représentants, cela signifie que la situation est grave. Elle est grave non seulement parce que des individus arrivent à transgresser les dispositions de loi et mettre les pieds au sein du Parlement, mais parce que ce genre de personne constitue un danger et pour la communauté et pour l’Etat, sa crédibilité et son image de marque. Faut-il rappeler le lien entre le pourrissement de la situation au début des années soixante-dix, la dégradation des valeurs et l’émergence des comportements putschistes pervers ? Faut-il rappeler l’arrestation, en 1996, de ce livreur de bières bulgares périmées qui s’est trouvée derrière les barreaux pendant deux ans et qui n’était autre qu’un représentant du peuple au Parlement, arrivé à ce poste grâce à l’argent sale distribué durant la campagne électorale? Certes, les exemples ne manquent pas. Mais ce qui fait défaut, c’est la fermeté de la justice et des autorités. Car, précisément, dans ce domaine, le laxisme est de mise. Le blanchiment d’argent y était pour beaucoup dans cette affaire, mais surtout la volonté de concquérir le pouvoir.