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Quand l’Irak divise le monde

Acceptée le 13 novembre par Baghdad, la résolution onusienne est le fruit d’une proposition française prévoyant une approche en deux temps afin d’éviter un recours automatique à la force en cas de manquement irakien, comme le voulaient Washington et Londres.
Déclaré en «violation patente» avec ses obligations en matière de désarmement et désigné comme maillon de «l’axe du mal» défini par le président Bush en janvier 2002, le régime Hussein voit donc débarquer le 18 novembre l’équipe d’inspecteurs menée par Hans Blix. Il est aussi sommé de livrer dans les 30 jours « une déclaration exacte et complète» sur tous ses programmes d’armement à l’ONU, lequel document sera récupéré par les Etats-Unis… La mission des inspecteurs, renforcés par l’arrivée des experts de la COCOVINU (Commission de contrôle de l’ONU) et de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), doit quant à elle déboucher sur la remise d’un premier rapport le 27 janvier prochain.
Ce dispositif, s’il a fonctionné au cours des dernières semaines, est cependant aujourd’hui remis en cause par le pouvoir irakien. Lundi, lors d’un discours officiel, Saddam Hussein a en effet accusé, comme il l’avait fait en 1998, les inspecteurs de l’ONU d’espionnage, les reléguant à un « pur travail de renseignement » au profit des Etats-Unis, au moment où les experts multiplient les visites surprises dans le pays. Parallèlement à ces tensions palpables accentuées par l’accélération des préparatifs de guerre américains, la question des suites à donner au dossier irakien n’en finit pas non plus de diviser les cinq grands du Conseil de sécurité. Lundi, Moscou et Paris ont une nouvelle fois signifié à l’administration Bush qu’elle ne pouvait agir militairement seule contre Baghdad. Car la résolution 1441, qui a vaguement parlé de « conséquences graves » en cas de violation par l’Irak des accords de désarmement, doit donner lieu à une nouvelle concertation des cinq membres permanents du Conseil : la France, la Russie, la Chine, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. C’est à l’unanimité que, théoriquement, la décision d’une intervention militaire contre l’Irak doit être prise alors que Washington a toujours laissé entendre qu’il pourrait agir sans l’aval de l’ONU.
Aux côtés des Américains depuis le début de la crise, les Britanniques semblent quant à eux de plus en plus réticents. Jack Straw n’a-t-il pas encore répété lundi que la guerre contre l’Irak «n’était pas inévitable» ? Et le secrétaire du Foreign Office d’ajouter que son pays « préfèrerait voir une seconde résolution soumise au Conseil de Sécurité et adoptée avant toute attaque contre l’Irak». Reste à savoir si les Etats-Unis iront jusqu’au bout de leurs ambitions aux dépens de leurs alliances internationales et d’une Organisation des Nations-Unies particulièrement malmenée ces dernières années.

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