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Que mangeons-nous ?

Un grand nombre de jeunes qui se retrouvent avec l’appareil digestif en marmelade, dont l’un d’entre eux avait rendu l’âme, des universitaires venus pour un séminaire et qui se voient transportés inanimés à l’hôpital…C’est la débandade dans les milieux de consommateurs qui commencent à craindre pour leurs vies et surtout celles de leurs enfants.
L’intoxication des universitaires incombe à un traiteur déterminé et les enquêteurs sont toujours penchés sur ce dossier. Il n’en est pas de même pour les jeunes bien que le gérant de l’épicerie et ses deux assistants aient été déférés devant la justice. Sur le grand Casablanca, le nombre de gargotes et de vendeurs ambulants de sandwichs est indéterminable. C’est par dizaines de milliers qu’ils sont comptés avec autant de recettes. C’est le bocadillo qui est derrière le drame des jeunes gens de la cité plateau à Casablanca : de quoi est-il fait ? Le vendeur emplit des bocaux avec différentes matières qu’il mélange dans le même sandwich. Du poisson (thon ou maqueraux) issu de grandes boîtes de conserves ouvertes et qui passent quelques jours dans le bocal, sans aucune mesure d’aseptisation ou de conservation. Parfois on ajoute le contenu d’une nouvelle boîte à celui d’autres qui se trouvent dans le fond du bocal et ainsi de suite.
A côté du poisson, il y a les olives découpées en petites rondelles et qui passent par le même processus, du riz, et de la mortadelle souvent de la contrebande car elle est plus prisée par les clients, et enfin de la salade verte, histoire d’équilibre alimentaires entre différents produits riches en éventuels empoisonnements. Il y a aussi les vendeurs de saucisses en plein air ou dans des cabanes de fortune qui manquent aux moindres mesures d’hygiène.
La plupart d’entre eux ne disposent pas d’eau sauf en bidons qu’ils ramènent avec eux en début d’après-midi et qu’ils utilisent à différentes fins : lavage des mains et des ustensiles, à boire pour les clients, extinction des feux provoqués par la graisse dont on ignore la source, etc… à l’intérieur d’une saucisse, c’est un mélange de débris de boyaux ramassés dans les abattoirs, du pain sec ramolli par de l’eau, du colorant, beaucoup d’épices et de graisse, animale bien entendu. Ce mélange, une fois sur le feu, produit de la fumée à des centaines de mètres aux alentours, déclenchant ainsi l’appétit de potentiels consommateurs. Chez ces gens-là, les affaires marchent toujours, et personne ne vient se plaindre de l’insalubrité de leurs produits, comme se vante à le dire l’un d’entre eux, qui opère à Sidi Othmane. Et puis, ajoute ce dernier, quel que soit le microbe, il est automatiquement neutralisé une fois sur le feu.
Argumentation scientifiquement imparable, confirmée tacitement d’ailleurs par les services d’hygiène qui ne les dérangent jamais. Et justement, cette nonchalance a encouragé d’autres chômeurs à inventer de nouvelles recettes qui se vendent dans le même cadre que les saucisses. Qui faudra-t-il blâmer dans ce cas, et qui est responsable de cette anarchie ? C’est la question au prix inestimable.

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