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Quelle culture alternative pour le cannabis ?

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Passés les états des lieux, le temps est désormais à l’action en matière de lutte contre la culture du cannabis. Une culture qui s’étale sur quelque 134.000 hectares au Rif marocain, selon une étude menée conjointement par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et les services officiels du Maroc, dont l’Agence de développement du Nord (ADPN), rendue publique en décembre 2003. Difficile donc de convaincre les agriculteurs, essentiellement de la région du Nord, de s’adonner à une autre activité agricole. Pour eux, quelle que soit sa nature, une autre activité rapporterait moins. Le temps où on parlait de culture alternative n’a donc plus lieu d’être. Désormais, on parle plus de revenu alternatif. Plus qu’un changement d’appellation, c’est une démarche, dont le maître d’oeuvre est l’ADPN, qui serait en train d’évoluer.
Aucune autre culture ne pouvant à l’évidence se substituer à celle du cannabis, il devient clair que la solution ne peut être envisagée que dans le cadre d’une approche globale, qui transcende le simple volet agricole. Celle-ci qui passe par la mise en place d’infrastructures et d’une logistique à même de permettre aux populations du Rif de vivre dignement, sans l’apport de la drogue. Ce dernier ne profite qu’à hauteur de 214 millions de dollars aux agriculteurs marocains, contre un chiffre d’affaires estimé de 12 milliards de dollars sur le marché mondial.
A l’étude précitée s’ajoutera, à la fin de cette année, la sortie d’une autre. Cette dernière sera consacrée à l’analyse de l’impact socio-économique de la culture, ou non, de cannabis. « Les mesures qui seraient élaborées suite à cette étude se rapporteraient aussi bien aux secteurs d’activité à développer, à commencer par le tourisme, qu’aux moyens de mettre en oeuvre une stratégie d’éducation et de formation professionnelles destinées aux jeunes de la région Nord, notamment les filles », nous dit-on côté ADPN. Mais un handicap se profile d’ores et déjà à l’horizon : la population de la région du Rif est trop éparpillée, sur une superficie totale qui équivaut à celle de la Suisse.
Pour pallier cet obstacle à tout effort de développement, le rassemblement des populations dans des centres urbains fait office de solution. Une solution à même de permettre la mise en place de conditions honorables de vie, à commencer par les infrastructures de base (eau et électricité) et le désenclavement de la région, ainsi que l’amélioration du cadre de vie de ses habitants.
Quant à la culture du cannabis, l’effort entrepris actuellement est de limiter les dégâts, en s’efforçant de limiter peu à peu les superficies agricoles consacrées à cette culture. L’espoir est de réduire ces vastes espaces à néant d’ici 15 à 20 ans.
Des projets fort louables mais qui n’en posent pas la question des moyens alloués à l’Agence pour atteindre ces objectifs. Autrement dit, l’Agence a-t-elle les moyens de ses ambitions, elle qui n’est qu’à moins de 50 % de la réalisation de ces actions dans la région ? Sachant que les fonds qui étaient alloués au développement des cultures alternatives dans le Rif se limitaient à 10 millions de DH. Et puis, rien ne prouve que la politique visant à contenir les superficies consacrées à cette culture illicite est un succès.
La culture du cannabis semble avoir élu domicile même dans des régions où elle n’existait pas auparavant, comme Sidi Kacem et la région d’Agadir. Entre les objectifs tracés et la grosse machine de la réalité, faite d’instinct de survie et de quête d’enrichissement personnel facile, le fossé ne fait que se creuser.

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