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Rachid Boutayeb : «Je pense qu il s agit plus d une défaillance interne qu un effet de crise»

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ALM: Quel diagnostic faites-vous de l’état actuel de la place financière nationale ?
Rachid Boutayeb: Avant de parler de la place financière marocaine, il serait intéressant de dresser un état de la situation économique générale du pays. L’activité économique marocaine fonctionne dans un contexte mondial caractérisé par des mutations profondes et structurelles. Elles sont le résultat des répercussions de la crise financière que subit le monde entier depuis fin 2008, conjuguées à la refonte de plusieurs régimes politiques, suite aux soulèvements populaires arabes.
La dépendance aux débouchés zone euro, et fournisseurs énergétiques du Moyen-Orient, rend difficile le maintien d’une croissance économique, jugée comme insuffisante, à peine 4 % en 2011, taux soutenu par la demande domestique. Les pouvoirs publics, quant à eux, interviennent avec une politique de relance insuffisante, axée sur la baisse des taux directeurs de 3,25 à 3%, fin mars 2012, et une injection de liquidités dans les banques (53 milliards de dirhams), en vue de stimuler d’avantage la consommation nationale, les investissements et l’emploi. Face à la situation économique morose, les intervenants de la place financière marocaine ne sont pas à l’abri des pertes. Sur tous les secteurs présents dans la Bourse, seules les sociétés de financements qui se comportent bien, les chiffres positifs de leurs états de synthèse le montrent clairement. Le Masi a perdu 9,8% depuis le début de l’année 2012 au cours de clôture du 3 septembre. Face à ce contexte turbulent, les investisseurs sont confrontés à un dilemme qui devient de plus en plus fréquent : quelles sont les actions qui doivent composer leurs portefeuilles ?
Actuellement, la minimisation des pertes se substitue aux gains, comme but primordial des investisseurs.

Sommes-nous face à un effet de crise ou bien à une défaillance interne ?
Je pense qu’il s’agit plus d’une défaillance interne qu’un effet de crise. Une chose qu’il ne faut jamais négliger est que la part de la capitalisation boursière détenue par les investisseurs étrangers est suffisamment faible pour minimiser les effets de l’onde de choc internationale. En outre, le grand chantier devrait voir lieu au niveau des structures de base qui font fonctionner la Bourse de Casablanca. Le marché financier marocain est caractérisé par une offre limitée, ne permettant pas au Maroc de jouer le rôle de place financière africaine, comme l’espèrent les acteurs et pouvoirs publics. De même, le marché doit satisfaire des conditions, que je juge sine qua none, pour attirer de plus en plus des investisseurs : la transparence, l’intégrité et l’équité, tout en garantissant une autorité de marché forte, indépendante et intransigeante.
 
Un problème de liquidité persiste. Selon vous, comment peut-on remédier à cette situation ?
Alors, renforcer la liquidité est la chose dont la Bourse casablancaise a besoin le plus. Pour ce faire, l’introduction de nouveaux instruments d’investissement serait une démarche positive. Toutefois, il faut se poser la question, si nous sommes prêts pour une telle chose ? Un dispositif juridique spécifique est à mettre en place et d’urgence. Le prêt emprunt de titres est l’une des pistes de relance de la place de Casablanca. Sauf que pour le moment le projet de loi n’est toujours pas adopté par les instances compétentes. Quant aux acteurs, ils ont également une partie de la responsabilité : ils sont dans l’obligation de développer leurs moyens technologiques et organisationnels ainsi que des infrastructures de qualité.

La Bourse de Casablanca entamera dans les jours qui viennent une campagne de communication. Pensez-vous que cette démarche est suffisante pour rétablir la confiance des investisseurs ?
La confiance des investisseurs ne s’établit pas facilement. Ils ont toujours besoin d’une chose concrète. Toutefois, cette campagne pourrait avoir un effet positif, que j’espère profondément, au cas où elle serait basée sur les axes de la réforme structurelle du fonctionnement de la Bourse.

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