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Rami : « La diversification est bénéfique aux élèves »

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ALM : Plusieurs critiques ont été formulées à l’égard du livre scolaire. Tout d’abord, Comment est-il élaboré?
Abderrahmane Rami : Depuis l’année scolaire 2002-2003, les livres scolaires ne se préparent plus comme cela a été le cas auparavant. Le ministère de l’Education nationale constituait ses propres équipes d’auteurs, en dehors de toute concurrence. Aujourd’hui, la porte est ouverte à tous les éditeurs, auteurs et créateurs qui ont la compétence nécessaire pour élaborer des livres scolaires. Le tout conformément à un cahier des charges qui détermine avec exactitude les conditions d’élaboration d’un livre scolaire. Ce cahier des charges n’existait pas auparavant.
Aussi, je tiens à rappeler que la concurrence entre les éditeurs jouait auparavant au niveau de l’impression. C’était le moins disant qui remportait le marché. Un critère purement financier. Résultat: nous avions des livres d’une piètre qualité esthétique.
Aujourd’hui, la concurrence se joue au niveau de la qualité pédagogique, puisque les prix sont préfixés par le ministère.
Une fois que les concurrents ont préparé un livre scolaire, est-il automatiquement vendu sur le marché?
Absolument pas. Les projets de livres scolaires, présentés par les éditeurs, les auteurs et les créateurs, sont étudiés et analysés par une commission d’évaluation et de validation. Cette commission est constituée de 63 personnes, dont certains font figure de proue sur la scène éducative, culturelle, scientifique et technologique.
Ils évaluent les projets de livres scolaires pour en retenir les meilleurs en fonction des normes pédagogiques contenues dans le cahier des charges. Sur 260 projets déposés, le quart est accepté. Les éditeurs dont les projets ont été rejetés reçoivent un rapport détaillé sur l’évaluation, dans toute la transparence possible.
Ce système a conduit à une pléthore de livres scolaires sur le marché. Est-ce une bonne chose pour l’enseignement?
Avec un seul livre scolaire par matière pour tous les établissements scolaires du Maroc, on imposait à l’enseignant et aux élèves une seule façon de voir le monde. Les théories de l’apprentissage ont démontré que plus on diversifie les approches pédagogiques, les exercices et les situations didactiques, mieux on répond aux besoins des six millions d’élèves que compte le Royaume. Le programme demeure le même pour l’ensemble des élèves marocains, mais les approches pédagogiques diffèrent.
Et qui choisit, finalement, parmi tous les ouvrages validés celui qui sera retenu pour l’apprentissage scolaire ?
Ce sont les équipes d’enseignants, d’inspecteurs, de directeurs d’établissements, de formateurs et de représentants des associations des parents d’élèves qui opèrent ce choix, au niveau de chaque circonscription pédagogique et conformément aux besoins des élèves et aux spécificités de leur entourage. C’est une première au Maroc. Le ministère n’impose plus de livres aux établissements scolaires.
Théoriquement, un livre validé par la commission d’évaluation peut-il n’être choisi par aucune école au Maroc?
Théoriquement, c’est tout à fait possible. Mais nous ne le souhaitons pas. Notre but est de permettre aux enseignants et aux inspecteurs d’enrichir leur acte pédagogique, sachant que chaque livre est accompagné d’un guide de l’enseignant.
Une fois choisi, combien de temps le livre restera sur le marché?
Auparavant, un livre scolaire pouvaient rester jusqu’à 15 ans sur le marché. Le contrat avec les éditeurs était renouvelé tous les cinq ans, par tacite reconduction. Il va sans dire qu’un livre de ce genre ne pouvait pas offrir grand chose à nos élèves, surtout que la vitesse avec laquelle s’effectuent les changements, au niveau scientifique et technologique, est fulgurante. C’est dans ce sens qu’actuellement le ministère a mis l’accent sur le fait qu’un livre scolaire ne pourrait durer plus de trois ans, exceptionnellement quatre ans, afin de permettre un renouvellement constant des informations et des connaissances.
En faisant jouer la concurrence, les prix des livres scolaires ont-ils baissé?
Les prix des livres n’ont subi qu’une très faible augmentation. Le livre le plus cher coûte 26 DH, et le moins cher coûte 9 DH et 60 centimes. A titre indicatif, une personne qui a trois enfants, soit une famille moyenne au Maroc, l’un en 5ème année primaire, le deuxième en 2ème année primaire et le troisième en 2ème année collégiale, il lui faudra 23 livres pour leur scolarité et ne déboursera que 375 DH.

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