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Recensement : Les vrais enjeux

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Conformément aux Hautes orientations royales, explicitées dans la lettre adressée par SM le Roi au Premier ministre le 12 décembre 2003, et dans laquelle le Souverain, demande au gouvernement d’organiser, un recensement général de la population et de l’habitat en septembre 2004, une première réunion s’est tenue à la Primature. Présidée par le Premier ministre, Driss Jettou, le jeudi 25 décembre à Rabat, cette réunion a été consacrée à la mise en oeuvre des modalités pouvant aboutir à un recensement précis sur la réalité sociale et économique de manière à faciliter la mise au point de plans bien élaborés. Cette démarche est indispensable pour concrétiser le projet sociétal moderniste, édifier un Etat démocratique efficient et une économie libérale génératrice de richesses et d’opportunités d’emplois. En outre, cette opération servira d’outil indispensable et utile dans l’élaboration d’un rapport sur cinquante ans de développement humain au Maroc. Les données démographiques, sociales et économiques véritables seront ainsi mieux cernées. Par la suite, l’évaluation et l’élaboration des politiques publiques devant être adoptées dans les divers domaines du développement (éducation, emploi, santé, aménagement urbain et développement rural) seront plus facilitées. Elle devra également permettre d’actualiser les données disponibles, d’autant que les rapports de certaines organisations internationales classent le Maroc dans des rangs inférieurs sur la base de données statistiques obsolètes, imprécises et comportant de larges marges d’erreur ou se fondant sur des chiffres erronés voire contradictoires parfois. Prévue entre le 3 et le 20 septembre 2004, cette opération s’est fixée pour objectifs la détermination des populations légales selon les entités administratives du pays, la connaissance des structures démographiques et des caractéristiques socio-économiques des populations dans l’ensemble des zones géographiques, la détermination des taux et des structures démographiques notamment les taux de fécondité et de mortalité, ainsi que les mouvements de population à l’intérieur du pays. Aussi, une définition des catégories de populations ayant des besoins spécifiques est escomptée, tout en renseignant sur les conditions de vie et de l’habitat des populations. « À terme, nous devons aboutir à la constitution d’une base de données statistiques fondamentales devant permettre de dégager un échantillon fiable pour la réalisation d’enquêtes et de sondages après la période du recensement », déclare Ahmed Lahlimi, le Haut commissaire au plan tout en précisant que «Cette opération qui constitue une priorité nationale pour la collecte de données statistiques sur la population, les ménages et l’habitat, répond aux recommandations des Nations Unies sur la mise à jour des données démographiques, économiques et sociales à travers le monde». Au plan méthodologique, le Haut commissaire au plan a précisé que les travaux préparatoires de ce recensement concernant notamment les opérations statistiques, cartographiques et informatiques, ainsi que les ressources humaines et matérielles nécessaires, en plus du plan de communication mis au point pour sensibiliser les habitants à l’importance de l’opération et aux enjeux qu’elle comporte, sont bien ficelées. Toutefois, partant de la réalité marocaine, des interrogations sont soulevées. Des limites techniques et culturelles risquent de fausser la donne. Le rapport des Marocains avec l’administration est historiquement fondé sur une crainte administrative. Dire vrai est, malheureusement, resté dans l’imaginaire collectif comme synonyme de sanction. Qu’ils soient d’ordres fiscaux, administratives ou encore privatives de biens éventuels, les stratagèmes pour contourner des chiffres proches de la réalité ne manquent pas. Un simple constat peut en dire long. Un agent recenseur, qui passe une fois, est-il enclin à repasser ? « Nous avons pensé à la question. Deux passages sont programmés. En plus, les niveaux de contrôle, en plus de moyens sophistiqués, sont de nature à diminuer le taux d’erreur », assure M. Lahlimi. En tout cas, l’incertitude et l’absence de réalités chiffrés plombent la croissance, l’investissement et l’emploi. «On ne saura en tous les cas expliquer correctement ce qui est dû à la conjoncture, à la structure et à la mauvaise gestion. Il est temps d’arrêter de jeter le bébé avec l’eau du bain», estime Rachid Boutti, professeur statisticien, auteur du livre “statistiques descriptives” pour qui, les indications auparavant offertes, aussi approximatives qu’elles soient, sont déjà fort précieuses. Reste à souhaiter leur ajustement au plus près, afin de répondre au mieux aux attentes des Marocains.

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