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Sahel veut changer le mode de scrutin

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Le ministre de l’Intérieur, El Mostafa Sahel, a annoncé aux députés que les pourparlers entre le gouvernement et les structures partisanes, au sujet de la modification du code électoral, débuteront juste après l’adoption du projet de loi relatif aux partis politiques.
Cette annonce a été faite à l’occasion de la discussion en commission de l’Intérieur à la Chambre des représentants de ce projet de loi tant attendu et qui réglemente la création et le fonctionnement des formations politiques.
Pour ce qui est du code électoral, il y a en fait deux points importants qui font l’objet d’intenses discussions entre les partis politiques. Il s’agit du mode de scrutin et du seuil de représentativité. Pour ce dernier, bon nombre de grands partis souhaitent l’augmenter de 5 %, actuellement, à 10%, afin de mettre un terme à la balkanisation. Pour ce qui est du mode de scrutin, tout d’abord, rappelons que le Maroc a testé pour la première fois le mode de scrutin de liste à l’occasion des dernières élections législatives de septembre 2002. Date à laquelle le Maroc a rompu avec le mode de scrutin uninominal, un système traité de tous les noms et considéré comme le catalyseur de la corruption et du phénomène de l’achat des voix. Pour les prochaines consultations, celles de 2007, certains partis politiques souhaitent revenir à l’ancien système, l’uninominal. C’est le cas de la mouvance populaire. Fortement implantés dans le monde rural, les Harakis ont énormément souffert du mode de scrutin de liste.
Pour le député MP de Taounate, Ahmed Zarouf, "le problème dans les zones rurales est incontestablement celui de l’accessibilité". Et pour cause, le scrutin de liste sous-entend une circonscription électorale immense. Ce qui n’est pas le cas pour l’uninominal. Force est de constater que le mode de scrutin de liste a énormément favorisé le PJD, qui bénéficie d’un électorat fidèle, certes réduit mais concentré dans les grandes villes. Le problème de l’accessibilité ne se pose absolument pas pour le PJD. Ce qui fait dire à Lahcen Daoudi, député du PJD, que "le Maroc doit maintenir le système de scrutin de liste en agrandissant encore plus les régions. C’est pour cette raison que certains partis politiques, notamment ceux de la gauche et du centre, militent pour le retour à l’uninominal. C’est le cas du PPS et du RNI. Pour le président du Rassemblement, Ahmed Osman, "le mode de scrutin mérite d’être changé". Et d’ajouter: "nous avons exprimé ce vœu du temps de l’ancien Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi". Ahmed Osman estime ainsi que "le mode de scrutin uninominal est le mieux adapté aux réalités" politiques et sociales du Maroc. D’où la proposition du RNI d’instaurer un système mixte qui unit entre le scrutin uninominal à un tour (50 % des sièges du Parlement) et le scrutin  de liste (50 % restants) comme cela se passe en Allemagne.
Certains partis comme le Mouvement populaire et le FFD estiment que le mode de scrutin qui convient le mieux au Maroc est sans doute l’uninominal à deux tours. Cette position est également partagée par des députés de l’USFP et de l’Istiqlal. Mais leurs formations respectives n’ont pas encore tranché sur la question. En effet, le mode de scrutin uninominal à deux tours aurait en fait deux avantages. Tout d’abord, il permet au jeu des alliances de fonctionner au deuxième tour. Engagés de manière individuelle, les partis qui partagent les mêmes idéaux ou les mêmes intérêts (gauche, Koutla, majorité gouvernementale, opposition…) peuvent s’entraider si l’un d’eux est en ballottage. C’est le cas particulièrement de la gauche. Par conséquent l’USFP pourrait être le plus grand bénéficiaire de ce système. En revanche, le PJD risque de trinquer. Justement, "c’est le deuxième avantage du scrutin de liste", soulignent des députés de gauche. A titre d’exemple, si le PJD passe au deuxième tour avec 10 % des voix, en duel avec l’USFP qui compte 8 % des voix, la formation de Mohamed El Yazghi est quasiment sûre de remporter le siège grâce au soutien des partis de gauche.
Quant au PJD, ses chances seront théoriquement nulles, à moins qu’une défaillance ait lieu dans les rangs des partis dits "progressistes". En fait, tout ceci reste théorique. Car le PJD a prouvé qu’il était capable de rafler les mises. Même avec un scrutin uninominal, ses candidats peuvent passer, haut la main, au premier tour.
Aussi, le mode de scrutin de liste règle un problème épineux pour les chefs de partis. Ces derniers se trouvent face à plusieurs demandes d’accréditation pour une même circonscription. En supprimant le mode de scrutin de liste, et partant en réduisant la taille des circonscriptions, ces chefs de partis peuvent ainsi répondre favorablement aux multiples demandes.
Par ailleurs, et indépendamment des enjeux électoralistes, il est certain que le scrutin uninominal, qu’il soit à un ou à deux tours, permet l’émergence de liens importants entre les électeurs et les élus. Plus la circonscription est grande, plus les rapports entre le citoyen et son représentant sont faibles.En somme, le ministère de l’Intérieur devrait prendre en considération toutes ces données, et même plus.

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