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Salah Sbyea : «le PJD est un parti ambigu»

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ALM : Plusieurs partis politiques marocains parlent de plus en plus de possibilités d’alliance avec le PJD. Qu’en pensez-vous ?
Salah Sbyea : il y a un aspect objectif de ces faits, à savoir qu’il s’agit là de manœuvres des partis politiques pour la préparation des élections de 2007. Les politiques tâtent en fait le terrain et essayent de voir de quel côté ils pourront aller pour disposer d’une possibilité de majorité au lendemain des élections. C’est le calcul fondamental des politiciens. Mais c’est une vision assez mauvaise dans la mesure où personne ne peut prévoir de combien de voix il peut disposer.
Je considère que ces manœuvres ne sont pas de bon augure pour les prochaines élections. Elles contribuent à semer la confusion dans les esprits des citoyens. Les électeurs considèreront que les engagements politiques et idéologiques des partis politiques comptent peu face à l’objectif des gains en sièges.

Qu’entendez-vous par le terme «ambiguïté» ?
Moi, en tant que citoyen lambda, je considère que le PJD est un parti au mieux ambigu. On le voit dans les prises de position des leaders de ce parti. On le voit également à travers ce qu’écrit leur presse qui ne se gêne pas pour véhiculer des discours racistes, qui attaquent systématiquement la femme et qui ne reconnaît pas à ses adversaires le droit à la parole. Sur l’aspect de la consolidation de la démocratie, je pense que le fait de s’allier avec ce parti, ou même d’explorer les possibilités d’alliance est une mauvaise chose. Déjà pour négocier la transition, on avait accentué l’ambiguïté de l’engagement politique. Aujourd’hui, on doit passer à une autre étape en organisant les fameux pôles.

Comment, selon vous, arrêter la montée du PJD ?
Je n’ai rien contre le PJD. Nous sommes dans un pays démocratique. Mais on ne peut pas, et là je parle en tant que citoyen, revendiquer la violence et les appels au meurtre, organiser symboliquement des procès aux gens sur leurs comportements ou sur la manière dont ils s’habillent, et tout cela au nom de Dieu et de la religion. C’est le PJD qui doit clarifier sa position une fois pour toutes pour être accepté. 

Comment faire pour changer le cours des évènements ?
Il faut revendiquer que tout parti, et que toute idéologie antidémocratique, ne puisse pas profiter des bienfaits de la démocratie. Il faut également revendiquer le droit à ce qu’un parti ne devienne pas l’unique porte-parole de Dieu et de la religion. Je peux vous dire que, contrairement à ce que pensent les politiques, beaucoup de gens n’acceptent pas que quelqu’un prenne en otage la religion. Je vais vous rappeler un événement qui peut paraître lointain, mais qui est toujours valable. Il s’agit de la manifestation qui a eu lieu au lendemain des attentats du 16 mai. Cette manifestation avait exprimé des revendications très fortes de la société marocaine. Cette dernière continue d’ailleurs de s’exprimer par rapport aux questions de la religion et du terrorisme. Une démarche citoyenne qui doit se consolider. Sans oublier que les politiques ont également une responsabilité à assumer par rapport au danger du terrorisme et de l’intégrisme.

Comptez-vous jouer un rôle dans tout ceci ?
Au sein de l’Organisation marocaine de lutte contre la haine et le racisme, nous sommes toujours en train de discuter de la manière de réagir. Mais ce qui est sûr, c’est que l’ensemble des associations et de la société civile doivent agir dans la perspective des élections de 2007 pour lutter contre le parasitage de la démocratie. Nous devons assumer notre responsabilité pour sanctionner toute manifestation de haine ainsi que tout usage scandaleux de la foi des gens pour s’approprier des voix. Les associations ont certainement un rôle à jouer.
Nous pouvons agir à ce niveau-là. Nous devons pousser les politiques des partis démocratiques à isoler toute manifestation antidémocratique et à isoler tout groupe qui voudrait exploiter la religion à des fins politiques.

A votre avis, le PJD  est-il assuré de gagner les élections de 2007 ?
Je ne sais pas comment vont évoluer les choses. Mais une chose est sûre, il ne faut pas attendre de voir leur montée pour réagir. Il faut anticiper sur tous les dangers qui peuvent nous guetter et ne pas attendre.

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