Le système de subventions fera l’objet d’une totale refonte, et de manière imminente. Ainsi, dans quelques mois, le Maroc aura un nouveau système de subventions. C’est ce qui ressort de la déclaration de Salaheddine Mezouar, ministre de l’Economie et des Finances, soulignant que d’ici l’été, une réforme profonde du système de subventions sera mise en œuvre. L’objectif étant de répondre efficacement aux besoins des couches les plus nécessiteuses. Ainsi, en marge du Forum des marchés émergents en Afrique, organisé à Rabat, le ministre de l’Economie et des Finances a déclaré à l’AFP que « nous présenterons d’ici juin ou juillet une réforme profonde de la Caisse de compensation afin de mieux cibler les plus défavorisés. Aujourd’hui le système est dévoyé et ne cible plus ceux qui en ont réellement besoin », a-t-il indiqué. Néanmoins, restructurer tout le système n’est pas chose aisée, et le benchmarking s’avère nécessaire dans ce cas. D’ailleurs, M. Mezouar a indiqué que le fait de «trouver des solutions alternatives est compliqué et nous examinons différents modèles qui existent dans le monde pour voir ce qui est le plus approprié pour nous». Ainsi, la fameuse Caisse de compensation subira une opération de remodelage, en vue de mieux faire face aux besoins mais aussi d’en faire bénéficier un maximum de la population. Depuis sa création, en 1941, cette caisse sert de solution à la hausse incessante des prix à la consommation, mais aujourd’hui, elle couvre principalement les produits pétroliers, le butane et le sucre, alors que d’autres produits tout aussi importants demeurent sous le coup de la flambée des prix. D’ailleurs, même le budget de cette caisse a été augmenté à plus d’une reprise. Déjà multiplié par cinq entre 2002 et 2008 pour atteindre aujourd’hui 20 milliards de dirhams (1,75 milliard d’euros), le ministre de l’Economie et des Finances a reconnu que ce budget pourrait atteindre les 30 milliards de dirhams. Questionné sur ce dernier point, M. Mezouar n’a pas écarté l’éventualité d’avoir à regonfler le budget de la Caisse de compensation si les facteurs macroéconomiques persistent. «Si l’envolée des prix des matières premières se poursuit, ce qui est probable car il s’agit d’un problème structurel, il est en effet possible que nous atteignions ce chiffre», a-t-il souligné à ce titre. Soulignons que cette refonte du système de subventions verse dans le sens de l’étude récemment livrée par le Haut Commissariat au Plan (HCP), et relative à la politique de ciblage de la pauvreté. En effet, le HCP soulignait qu’à défaut d’une politique efficace, celle en vigueur ayant montré ses limites, les 20% les plus aisés des ménages continueront à totaliser plus de 40% des subventions alimentaires contre moins de 10% pour les 20% les plus défavorisés. Notons également que la flambée des prix à l’international a été ressentie au Maroc et lors des deux premiers mois de 2008, l’huile de table a augmenté de 8%, la semoule (pour le couscous) de 12,1%, les pâtes de 8,7%, la farine de 6,7% pour le blé tendre, 17,3% pour le blé dur, et 14,2% pour le maïs, selon le département des statistiques du Haut Commissariat au Plan.