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Sécurité : Que cherche le patron des renseignements belges ?

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Entre les services belges et leurs homologues marocains, le courant a du mal à passer. C’est, du moins, ce qui ressort d’une récente sortie médiatique du patron de la Sûreté de l’Etat belge. Une attitude inédite dans le monde du renseignement, selon les spécialistes. Dans une déclaration à la presse, vendredi dernier, Alain Winants s’en est pris dans des termes peu diplomatiques aux services marocains qu’il accuse de pécher par «un manque général de collaboration». Le chef de la «grande muette» belge a affirmé avoir du mal à obtenir le départ et le remplacement de trois agents marocains en service à Bruxelles, à qui il imputait l’accusation de menacer «la sûreté de l’Etat belge». «J’ai demandé par écrit début juillet dernier à Yassine Mansouri, directeur de la Direction générale des études et de la documentation, le rappel et le remplacement de trois de ses agents», a-t-il déclaré. Trois mois plus tard, fait constater le responsable du renseignement belge, «ces trois agents sont toujours en Belgique». Invoquer une menace de la sécurité belge est un prétexte que les observateurs, ici ou ailleurs, accueillent avec étonnement. «Ce prétexte soulève un festival de questions quant à son timing, son opportunité, et les arguments avancés pour demander le départ des agents marocains», relève un analyste avant de marquer sa surprise quant à la manifestation d’une telle requête par voie de presse.
La sortie publique du patron du renseignement belge intervient juste après l’ouverture du procès contre le belgo-marocain Abdelkader Belliraj, qui aurait été un agent rémunéré des services de renseignement belges. Ce passé glauque de Belliraj avec ces services a valu à ces derniers une véritable volée de bois vert de la part des médias bruxellois, qui ont été jusqu’à demander la tête du patron du renseignement Alain Winants. Analysée dans ce contexte, la réaction de ce dernier ressemble plus à une manière de chercher à détourner l’attention de l’opinion publique belge des maladresses de leurs services de renseignements. Les révélations obtenues par les services marocains auprès de Belliraj, au lendemain de son arrestation en février 2008, étaient aussi graves qu’embarrassantes pour la Sûreté de l’Etat belge. Belliraj aurait reconnu être l’auteur d’une dizaine de meurtres contre des personnalités belges dans les années quatre-vingt. Un véritable scandale pour les services belges, qui ne pouvaient affirmer ne pas savoir et qui ont gardé un silence bouleversant non seulement sur le passé criminel de l’accusé mais aussi sur son implication présumée  avec l’un des plus dangereux réseaux terroristes. Une véritable guerre de tranchées avait éclaté entre la Sûreté de l’Etat belge, dirigée par Alain Winants, et les responsables de la section antiterroriste de la police judiciaire du même pays, qui lui ont reproché d’avoir assuré une couverture à leur agent «protégé» et gracieusement rémunéré, Abdelkader Belliraj. Contrairement aux services dirigés par M. Winants, des responsables de la section antiterroriste s’étaient rendus à Rabat, au lendemain de l’annonce de l’arrestation de Belliraj. Ils avaient alors relevé et salué un haut degré de coopération de la part des services marocains. Maintenant, qu’est-ce qui explique la sortie du patron du renseignement belge ? Pourquoi M. Winants se permet-il, à présent, de pointer du doigt les services marocains ? L’accusation des agents marocains en service en Belgique ne saurait s’expliquer que par le besoin des services de M. Winants de créer une fausse affaire destinée à mettre à mal l’image des services marocains à l’étranger. Une attitude qui risque de perturber le cours normal de la coopération, jusque-là excellente, entre les différents services de sécurité des deux rives de la Méditerranée dans une conjoncture marquée par la multiplication des ramifications entre les réseaux terroristes et les bandes internationales du crime organisé. 

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