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Sekkat : « La question du SMIG est marginale »

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ALM : Pensez-vous que le Maroc doit instaurer un système de SMIG régional ou sectoriel ?
Othmane Sekkat : Personnellement, je suis pour le social et pour les droits des ouvriers. D’ailleurs, tout entrepreneur qui se respecte doit adopter cette attitude. Ceci-dit, l’Etat doit prendre ses responsabilités. Nous sommes dans un pays en voie de développement où 80 % de la population est composée de jeunes qui ont besoin d’emplois. L’industrie textile a réussi à créer en l’espace de quelques années, 500.000 emplois de manière directe et indirecte. Il a fallu que des hommes politiques prennent des décisions hasardeuses pour tout remettre en cause et plonger le secteur entier dans une crise profonde.

Quelles sont ces décisions hasardeuses dont vous parlez ?
L’Etat, depuis 1996, a décidé d’instaurer une batterie de taxes et impôts au secteur textile. Résultat : nous avons perdu toute compétitivité. Nos prix sont devenus identiques à ceux pratiqués dans les pays développés où sont installés nos donneurs d’ordres.

En somme, ce qui vous pose problème, ce sont les taxes et impôts et non les charges sociales ?
Je suis personnellement favorable au maintien du SMIG, voire carrément son augmentation, à condition que l’Etat supprime toutes ces taxes et ces impôts qui grèvent nos finances de manière grave. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons embaucher davantage, c’est-à-dire créer de nouveaux postes d’emplois.

Vous semblez oublier que les textiliens, lors des années de gloire, investissaient leurs profits dans l’immobilier et non pas dans la modernisation et la mise à niveau de leur secteur d’origine…
C’est absolument faux. Dans un pays libéral, on ne reproche pas à un investisseur de dépenser son argent dans tel secteur plutôt que dans l’autre. D’ailleurs, les professionnels du textile ont financé leur modernisation et leur mise à niveau. Les donneurs d’ordres étrangers nous faisaient confiance parce que nous étions efficaces. Mais depuis que le gouvernement a décidé de puiser de l’argent dans l’industrie textile en l’accablant d’impôts, le déclin de ce secteur a commencé. La différence entre le prix Maroc et le prix Chine, c’est justement les impôts auxquels nous sommes assujettis.

Comment se fait-il que de grands groupes s’installent au Maroc et ne crient pas haro ni sur les impôts et les taxes ni sur le SMIG?
La raison est bien simple. Ces multinationales qui s’installent au Maroc ont les moyens d’assurer la liquidation de leurs produits dans les marchés des pays développés. Ce n’est pas le cas pour les industries marocaines.

Que proposez-vous au gouvernement en contrepartie de l’annulation de ces impôts qui vous dérangent ?
Je peux vous assurer que le secteur est capable d’embaucher en l’espace de six mois seulement un million de personnes. Encore faut-il que nous soyons totalement exonérés. En outre, cela va coûter à l’Etat beaucoup moins que s’il maintient la politique d’aujourd’hui. Les usines vont fermer les unes après les autres.
Dans un pays comme l’Egypte, l’Etat perçoit annuellement 10 % du chiffre d’affaires des industries textiles. Au Maroc, par le biais de multiples ponctions, l’Etat ne prélève pas moins de 70 % de ce chiffre d’affaires.
Je m’engage, au nom de tous mes confrères, que si les charges abusives sont supprimées, le SMIG pourra-être relever à 12 DH par heure au lieu de 9,66 DH comme c’est le cas aujourd’hui.

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