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Sida : 20% de cas en plus

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Le Maroc a enregistré 152 nouveaux cas de Sida en six mois seulement. Les derniers chiffres révélés par le ministère de la santé révèlent que le nombre des personnes atteintes du Sida est passé de 1.237 en décembre 2003 à 1.389 en juin 2004. Une augmentation alarmante, puisqu’elle signifie que le taux de progression de la maladie dépasse les 20 % par an.
Selon les chiffres officiels du ministère, qui concernent uniquement les cas déclarés ou dépistés, près de 97 % de ces cas concernent des personnes de nationalité marocaine. La tranche d’âge la plus affectée se situe entre 14 et 29 ans avec un taux de 25 % de cas.
Et si, le chiffre de 1.389 concerne uniquement les personnes atteintes de la maladie, le nombre des séropositifs est dix fois plus important. Selon les statistiques du ministère, il y aurait entre 13.000 et 16.000 Marocains porteurs du virus du Sida. Une estimation qui a été déterminée selon les critères établis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), affirme le ministère. Toutefois, les chiffres avancés par les associations de lutte contre le Sida affirment que les cas de malades qui sont actuellement sous traitement s’élève à 1.438 personnes. Selon les estimations de l’Organisation panafricaine de lutte contre le Sida (OPALS), ce chiffre serait bientôt revu à la hausse avec l’arrivée au Maroc du nouveau système de test dit rapide et qui permet le dépistage en 20 minutes seulement.
Dans son dernier rapport sur la situation de la progression de la maladie et du développement de son traitement à travers le monde, l’OMS a indiqué que la situation est de plus en plus alarmante puisque le nombre recensé des nouveaux cas de personnes atteintes de cette maladie est de 5 millions.
Au Maroc, les chiffres indicatifs qui ont été révélés par le rapport Onusida 2004 estiment que 2,3% des professionnels du sexe, notamment les prostituées, seraient séropositifs. Ce qui signifie que cette population demeure en tête des milieux les plus touchés.
La situation serait aussi très alarmante dans les milieux carcéraux où l’épidémie du Sida affecterait presque 1 % des détenus. L’Onusida 2004 a aussi donné un chiffre très inquiétant, à savoir que plus d’une femme enceinte sur mille serait atteinte de cette maladie.
Au Maroc, comme ailleurs, la lutte contre le Sida se fait sur deux fronts : la prévention et le traitement. Or, même si la situation s’est nettement améliorée ces derniers temps, il existe toujours des défaillances sur les deux fronts.
Ainsi, pour la prévention, il reste encore beaucoup d’efforts à faire au niveau de la sensibilisation sur la maladie, ses modes de transmission et les moyens de prévention. Les quelques pas qui ont été franchis dans ce sens restent très limités par rapport à la réalité du danger. Les spots récemment passés à la télévision sont, de l’avis des spécialistes, très timides.
Le langage tenu par ces spots n’a pas dépassé le niveau des insinuations et est donc resté très vague. Alors qu’il est censé s’adresser à toutes les tranches de la population marocaine, le message était essentiellement dirigé vers des gens qui ont déjà une idée sur le sujet, ce qui en a limité l’impact. Pour ce qui est du traitement, la situation est très préoccupante, et ce à deux niveaux. D’abord, en ce qui concerne les malades qui sont actuellement sous traitement, il faut avouer que l’effort fourni par les associations de lutte contre le Sida est exemplaire.
Aujourd’hui, si les 1.438 cas recensés suivent la tri-thérapie, c’est essentiellement grâce à ces associations. Sachant que le coût du traitement est très élevé, la plupart de ces malades n’auraient jamais pu y accéder sans le soutien de la société civile, active dans ce domaine.
Toutefois, ce soutien risque d’être entravé par l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, l’année prochaine, puisque le traitement deviendra dix fois plus cher. Ainsi, si, aujourd’hui, le coût de la tri-thérapie a été ramené de 6.000 à 1.000 DH par malade et par mois, en janvier 2005, il dépassera les 10.000 DH. Devant cette situation, les associations de lutte contre le Sida sont très préoccupées et ne savent pas encore ce qui adviendra des malades. D’un autre côté, si ces derniers ont la chance d’être soutenus par la société civile, d’autres n’ont pas cette chance et sont totalement délaissés.
Il s’agit essentiellement des détenus atteints du Sida et qui n’ont pas accès au traitement. Le problème se pose aussi au niveau de la prévention dans les milieux carcéraux où il n’y a ni campagne de sensibilisation ni distribution de préservatifs, ce qui fait que la progression de la maladie prend une dimension géométrique et alarmante. En somme, les deux principaux absents en matière de lutte contre le Sida sont les ministères de la Santé et de la Justice.
Le premier se distingue par sa non-participation aux efforts de traitement, et le deuxième par son indifférence face aux détenus atteints de cette maladie et qui sont sous sa tutelle directe puisque le traitement des malades dans les prisons incombe au ministère de la Justice.

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